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Le Secrétariat du numérique s’installe rue Descartes : La France a-t-elle raison de changer de logiciel ?

Le Secrétariat du numérique sinstalle rue Descartes

[Billet d’humeur] L’annonce de la nomination de Clara Chappaz comme Secrétaire d’Etat chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique s’est légèrement effacée derrière celle du changement de Ministère, sujet à controverse.

Décrocher le numérique de Bercy pour le rattacher au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, placé sous la tutelle de Patrick Hetzel, ne laisse pas indifférent. La nomination de Clara Chappaz non plus. D’un côté, on dénonce une erreur stratégique tout en se réjouissant du choix du profil de la nouvelle secrétaire d’Etat, de l’autre, on voit un véritable progrès, mais en demi-teinte, faute de ne pas avoir nommé un expert technologique. Le choix du nouveau locataire de Matignon, Michel Barnier, ressemble étrangement à une sorte d’entre-deux.

Au Cigref, Henri d’Agrain pointe, par exemple, “le risque d’une fragmentation de la prise en charge des enjeux numériques au sein de notre société et de son économie.” Des enjeux qui, rappelle-t-il, “dépassent de plusieurs ordres de grandeur les seules questions, certes importantes, de formation, de recherche, d’écosystème, d’innovation et de création et d’accélération de startups – y compris dans le domaine de l’intelligence artificielle – qui seront abordés au sein de ce nouveau gouvernement.”

Interviewée sur France Inter, Aurélie Jean, scientifique numéricienne et entrepreneuse française spécialisée dans les algorithmes et la modélisation numérique, salue, elle, au contraire, cette initiative tout en déplorant, qu’à l’instar des américains, “ce ne soit toujours pas un profil scientifique qui soit placé à la tête du secrétariat d’Etat.”

Le 11ème directeur du bureau de la politique scientifique et technologique des États-Unis n’est autre qu’Eric Lander, scientifique renommé, (mathématicien et biologiste) également professeur au M.I.T.

Malgré toutes ses qualités, Clara Chappaz, issue de l’univers start-up, risque de rester cantonnée à un rôle de gestionnaire et ne pourrait pas incarner le rôle de visionnaire, au même titre qu’un profil issu du monde technique ou scientifique pour réussir à ferrailler avec nos principaux compétiteurs en matière de guerre des brevets et autres avancées technologiques.

Le choix stratégique du Premier ministre serait donc probablement une façon de contenter les deux parties, de prendre la température sur une évolution du modèle culturel français en la matière. Pour ou contre, l’avenir nous en dira davantage, notamment au travers des prochains décrets qui fixeront les différentes attributions.

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