La start-up francilienne « Paris Fashion Shops » permet aux boutiques indépendantes de prêt-à-porter et aux fournisseurs de digitaliser leurs métiers, en facilitant notamment les approvisionnements en nouveautés tendances… Explications par Jacky Z. Chang, son fondateur.
Il n’est pas un « jeune » startuppeur, mais il n’en a que faire ! Pendant 22 ans auparavant, Jacky Z. Chang, 48 ans, a été, seul et avec son épouse Rebecca, créateur, fabricant et fournisseur de petite maroquinerie, puis d’articles de prêt-à-porter dans le quartier parisien du Sentier.
En lien direct avec tous les acteurs de la filière, notamment détaillants et grossistes, il en connaissait toutes les ficelles, mais aussi toutes les difficultés auxquelles ils étaient confrontés quand est venue l’ère de la fast fashion… « Dès 2011, avec l’arrivée des Zara, Mango, H&M, Asos…, nous avons vu le chiffre d’affaires de notre société décliner d’environ 10 % chaque année, il fallait réagir », raconte celui arrivé en France à l’âge de 10 ans, directement depuis la province chinoise du Zhejiang.
Le problème des petits commerces est simple : comment renouveler leur offre (vite et bien !) pour répondre au mieux aux attentes de leurs clients ? D’où l’idée avec son épouse et son neveu Johnny, qui terminait son école de commerce, de se lancer mi-2016 dans une toute nouvelle aventure : la création de la marketplace BtoB Paris Fashion Shops, soutenue par Eurazeo et de business angels.
Leur concept : plus la peine pour les 120 000 détaillants indépendants du monde entier de se déplacer physiquement pour aller sourcer les articles les plus tendances (500 000 références), tout est en ligne sur le site de Paris Fashion Shops, à des prix imbattables. Un gain de temps et une offre la plus diversifiée possible à portée de clics que l’on peut régler en toute tranquillité via la solution Mangopay et l’application en propre VAD Secure… Idem pour les réapprovisionnements qui évitent ainsi de s’encombrer d’un stock.
[bctt tweet= »Il existe environ 24 000 boutiques de mode indépendantes en France, qui cumulent un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros, soit des ventes équivalentes à celles des 13 000 points de vente des grandes chaînes de distribution. » username= »Alliancy_lemag »]Avec l’arrivée des géants de « l’ultra » fast fashion également depuis trois ans (comme Shein ou Nasty Gal par exemple), Paris Fashion Shops veut même aller plus loin en proposant toute une gamme de services « digitaux » pour encore accélérer le business de ses clients. « Leur métier n’est surtout pas le digital, rappelle-t-il, mais bien l’accompagnement de plus en plus personnalisé de la clientèle »… Son ambition est donc de devenir dès 2022, « le premier écosystème de la Fashion Tech » en proposant aussi aux boutiques de créer leur propre site internet à partir de la plateforme.
De l’autre côté, la marketplace dédié aux professionnels de la mode regroupe plus de 1 200 fournisseurs, grossistes, marques et créateurs franciliens (d’où « Paris » dans sa raison sociale)… De quoi répondre aux exigences des petits commerces qui souhaitent renouveler régulièrement leur offre (prêt-à-porter, maroquinerie, chaussures, accessoires divers…) pour attirer un maximum de clients en magasin. Les fournisseurs gagnent ainsi en visibilité, sachant que la plateforme leur offre gratuitement la prise en photo et la mise en ligne de leurs produits, au rythme de plus de 1 000 nouveautés publiées chaque jour par le studio de Paris Fashion Shops.
Concernant la logistique, elle leur facilite également la vie, en réalisant gratuitement le « groupage » de colis, correspondant aux commandes des boutiques faites chez les différents grossistes. « Nous réalisons chaque jour entre 800 et 900 expéditions consolidées vers le monde entier, correspondant environ à 3 000 colis reçus, ce qui limite l’empreinte du transport et réduit les frais d’envoi », explique le dirigeant dont les valeurs de « proximité, partage, performance, innovation et intégrité » devraient en 2022 rapidement se répandre en Europe, avec des plateformes en Italie, Allemagne ou au Royaume-Uni… « Partout où il existe une fashion week », résume-t-il.
Une mission salvatrice pour les petits acteurs de la mode, dans un secteur en crise depuis plus de dix ans maintenant, également l’une des industries les plus polluantes de la planète… « Le digital va rendre plus transparent le secteur de la mode, considère-t-il. Tout y est encore très opaque aujourd’hui, mais le client l’imposera. »
Un data scientist vient depuis peu de rejoindre l’équipe. « Nous voulons devenir plus performants sur l’analyse de données. Ainsi, en fonction des commandes passées, des ventes réalisées et des tendances locales, nous pourrons proposer le bon produit, au bon détaillant, au bon moment. » La marketplace réalise un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros cette année. « Depuis trois ans, nous sommes rentables », conclut Jacky Z. Chang, qui emploie aujourd’hui une soixantaine de personnes dans ses locaux de Saint-Denis, en banlieue nord de Paris, qui n’attendent que de pouvoir s’étendre…
L’ère du New Retail !
En octobre dernier, Paris Fashion Shops, avec l’organisme Talis BS, a lancé sa propre formation avec une première promotion de 15 alternants (bac+3) accompagnés sur un an, en vue d’aider les entreprises indépendantes de la mode, fortement impactées par la crise sanitaire, à accélérer leur transformation digitale. « Être une entreprise responsable, c’est aussi s’engager pour le développement économique local en formant et en accompagnant de manière concrète les jeunes et ainsi préparer l’avenir », explique Jacky Z. Chang. En 2022, deux à trois nouvelles promotions devraient voir le jour.