En 2012, Le Petit Robert a intégré le mot « e-learning » à ses nouvelles définitions. Un signe de maturité, alors qu’il y a deux ans, une étude de la Cegos, spécialiste de la formation continue, classait la France comme lanterne rouge sur le sujet face à ses voisins. La donne change. « Le marché français est l’un des plus dynamiques d’Europe à l’heure actuelle », remarque Sally-Ann Moore, fondatrice du iLearning Forum, qui regroupe depuis douze ans les spécialistes internationaux de la formation en ligne. L’effet de mode laisse place au pragmatisme : les entreprises font coïncider ces projets avec des objectifs business soigneusement défini. « Dans un contexte de restriction budgétaire, l’e-learning permet de réduire les coûts, précise Sally-Ann Moore, mais les méthodes sont aussi devenues beaucoup plus interactives et efficaces. » Le temps est loin où seuls 15 % des salariés achevaient une formation. La France, seul pays à classer l’exactitude de l’enseignement comme plus importante que son dynamisme, laisse derrière elle l’époque des contenus austères.
Un mouvement de fond
Le blending, un mix entre présentiel et e-learning, a ouvert le chemin à d’autres approches : le social et le mobile learning. « Le collaboratif est la grande tendance du moment », confirme Claire-Marie de Vulliod, analyste Senior SIRH au CXP. Cette évolution nécessite toutefois, d’après elle, un véritable changement de culture. « Nous sentons un mouvement de fond dans l’e- learning et la gestion de talents, avec la possibilité pour le salarié d’intégrer des communautés et d’accéder de façon autonome à des contenus supplémentaires», précise l’analyste. « Le service formation des entreprises apprend qu’il ne peut plus être le roi qui décide de tout », renchérit Sally-Ann Moore. Son nouveau rôle ? Veiller à la qualité des enseignements, plutôt que de vouloir tous les créer, alors que les contenus pédagogiques validés côtoient presque sans distinction les contenus informels du Web. Un enjeu de plus en plus pressant, car le mobile learning se démocratise lui aussi. Chaque utilisateur peut maintenant employer son propre terminal mobile à des fins professionnelles – le « Bring your own device ». Le service informatique doit donc, à son tour, monter au créneau et oeuvrer à l’harmonisation des outils et des comportements. Collaboratif et mobilité s’attaquent en fait à un vieux problème des entreprises : l’organisation en silos. Pour capitaliser sur le renouveau de l’e-learning, elles doivent remettre ces barrières traditionnelles en question.
Cet article est extrait du n°2 d’Alliancy le mag