Annoncée à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle organisé à Paris, la Coalition pour une Intelligence Artificielle écologiquement durable a pour but d’accélérer la dynamique mondiale visant à placer l’IA sur une voie plus écoresponsable.
Emmenée par la France, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Union internationale des Télécommunications (UIT), cette initiative réunit 91 partenaires, regroupant 37 entreprises technologiques, dix pays et cinq organisations internationales, dont le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), l’AIE (Agence internationale de l’énergie) et le GGGI (Global Green Growth Institute).
« Le Sommet mondial pour l’action sur l’IA constitue un tournant : pour la première fois, la transition écologique est au cœur des discussions d’un sommet international sur l’IA. Je suis très fière que la France ait organisé ce premier Forum pour l’IA durable avec deux cents acteurs présents. Aujourd’hui, mon ministère, en collaboration avec l’UIT et le PNUE, a lancé la Coalition pour l’IA durable : plus de 80 membres, dont 33 entreprises, ont rejoint cette initiative ambitieuse sur l’IA verte et l’IA pour l’environnement », déclare Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.
« L’intelligence artificielle consomme énormément de ressources : de l’énergie, des matières premières, de l’eau… Il existe des façons de développer l’IA qui permettent d’utiliser beaucoup moins de ressources. Ce que je souhaite faire avec mes alliés, en allant chercher chacun de mes homologues un par un, c’est de développer une intelligence artificielle qui, nativement, respecte une dizaine de principes permettant de réduire drastiquement son empreinte environnementale », ajoute Agnès Pannier-Runacher.
Une feuille de route pour la normalisation de l’IA durable
Dans le cadre de la coalition, les parties prenantes sont parvenues à élaborer la première feuille de route internationale pour la normalisation de l’IA durable. Cette feuille de route vise à aligner les efforts de normalisation au niveau international pour éviter la duplication et les contradictions entre les différentes initiatives, élaborer des indicateurs communs permettant une évaluation transparente et harmonisée de l’impact environnemental de l’IA, en s’appuyant sur des méthodologies robustes telles que l’analyse du cycle de vie (ACV) et les normes de gestion environnementale existantes.
Elle a aussi comme objectif de faciliter l’adoption de meilleures pratiques en matière de conception d’IA écoresponsable, notamment en intégrant des stratégies d’optimisation des infrastructures, des modèles et des algorithmes, et d’encourager la collaboration entre les acteurs publics et privés, en structurant les échanges entre régulateurs, entreprises technologiques et organismes de recherche.
Ce travail découle d’une initiative mondiale lancée le 10 octobre dernier au siège de l’Unesco, réunissant des experts de l’ISO, de l’ITU et de l’IEEE, en partenariat avec l’OCDE et l’Unesco. Pilotée par l’Ecolab du Commissariat général au Développement durable, cette initiative a permis d’organiser quatre réunions de travail afin d’assurer une coordination entre les organismes de normalisation et d’optimiser les ressources dédiées à la réduction de l’impact environnemental de l’IA.
Des initiatives à travers le monde lancées dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’IA
Un certain nombre d’initiatives récentes ont été lancées dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle afin de constituer une base de connaissances sur l’IA et l’environnement, dont certaines ont été menées spécifiquement en préparation du Sommet.
Par le biais de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) et du Ministère de la Transition écologique, une communauté de 36 scientifiques, entreprises, institutions publiques et organisations internationales a publié un document de position identifiant les défis à relever pour maximiser les effets positifs des systèmes d’IA tout en limitant leur impact environnemental.
Le premier hackathon associant IA et sobriété énergétique, le Frugal AI Challenge, a également réuni lors du Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle plus de 60 équipes de data scientists autour du défi de concevoir des modèles d’IA associés à des enjeux environnementaux, notamment la détection de la désinformation climatique, l’analyse des régions à risque d’incendie, l’identification de la déforestation illégale), tout en optimisant leur efficacité énergétique.
Promouvoir l’IA frugale dans tous les secteurs en France
En outre, le premier groupe de travail international sur l’utilisation de l’IA générative pour donner accès aux connaissances environnementales a réuni des experts du PNUE, de l’OCDE, du GIEC, de l’IPBES, de l’OMM, de l’UNESCO et de l’INRIA, ainsi que des chercheurs et des représentants d’administrations, d’entreprises et de la société civile, dans l’optique d’élaborer un guide des bonnes pratiques pour une utilisation efficace et éthique de l’IA générative pour donner accès aux documents environnementaux.
Quant à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), elle a lancé le premier observatoire mondial dédié à l’énergie et à l’IA qui permet, en centralisant et en analysant les données, de mieux anticiper les besoins énergétiques des centres de données et des modèles d’IA, sur la base d’une méthodologie transparente, d’optimiser les systèmes énergétiques et de réduire les émissions de carbone grâce à l’IA, et de promouvoir des innovations révolutionnaires pour l’IA appliquée à l’énergie.
Enfin, l’initiative multipartite « Green Digital Action », convoquée par l’Union internationale des télécommunications, a introduit un nouveau pilier thématique sur l’informatique verte, associé à un groupe de travail dédié à l’IA durable. Ce groupe travaille à identifier les efforts et lacunes actuels pour mesurer les charges de travail et les scénarios d’IA ; effectuer des mesures et tester différentes charges de travail et différents scénarios d’IA pour comprendre leur empreinte environnementale ; et développer des idées et des recommandations exploitables pour améliorer les pratiques de l’IA. Un rapport final doit être publié avant la COP30.
Dans le cadre de sa stratégie nationale en matière d’IA, la France promeut, elle, l’IA frugale dans tous les secteurs, avec un programme dédié aux démonstrateurs d’IA pour la transition écologique. Douze projets locaux sont pilotés par le Ministère français de l’Environnement pour optimiser l’utilisation des ressources et mieux appréhender les dynamiques locales en termes de transport, de pollution, de rareté de l’eau, etc. En juin 2024, la France a publié le premier « Référentiel général pour l’IA frugale », une norme volontaire construite en collaboration avec 100 autres entreprises, associations, communautés de chercheurs et administrations en France.
Les membres fondateurs de la Coalition pour une IA durable sont :
Entreprises : AMD, Artefact, Aveva, Baidu, Capgemini, Cohere, Dassault Systems, Data4, Duval Groupe, Ecodatacenters, EDF, Ekimetrics, Engie, Equinix, Ericsson, Eviden, Forward Global, Generali, Group Duval, Hugging Face, IBM, Lenovo, LG AI Research, L’Oréal, Mistral AI, NAVER, Nvidia, Orange, OVH Cloud, Philips, Photoroom, Salesforce, SAP, Schneider Electric, Skeleton Technologies, Sopra Steria, Telehouse, Thales, Veolia, Verne
Instituts de recherche : MILA, CEA, INRIA, Université Clermont Auvergne, LIG, Loughborough University, Mila, Obvia, Stockholm Environment Institute, Universita di Pavia, Umwelt Bundesamt Ai lab,Vrije Universiteit Amsterdam, Umwelt Bundesamt
ONG et associations : AFNUM, Climate Change AI, GAIA, FTCC, Nature Finance, Royal Academy of Engineering, Shift Project
Investisseurs : Ardian, Crédit Agricole, Daphni, Eurazeo, Growth Fund the National Fund of Greece, Mirova, Princeville Capital, Tikehau Capita
Secteur public : BPIFrance, IGN, Nectec
Start-ups : Ahods, Boltzmann, Hivenet, Pruna AI, Rhite, Sepia Infrastructure, Sperta, Tomorrow today
Soutiens : les gouvernements de l’Allemagne, du Chili, de la Corée, du Danemark, de la Finlande, de la France, du Kenya, du Maroc, de la Norvège, du Royaume-Uni et les organisations internationales suivantes : Global Green Growth Institute, Agence internationale de l’énergie, Programme des Nations Unies pour le Développement.