La start–up Medadom présentait le 24 juin, au PariSanté Campus sa dernière borne de téléconsultation pour tenter de réduire l’inégalité d’accès aux soins. Les deux cofondateurs ont également présenté les bénéfices de la médecine à distance pour venir en aide aux services des urgences.
Télémédecine, téléconsultation, télé-expertise… Tous ces échanges à distance prennent aujourd’hui de plus en plus de place dans le quotidien des médecins. De nombreux acteurs innovent technologiquement pour répondre à cette demande grandissante. Medadom, inspirée de « Médecine à domicile », est l’une de ces start-up qui proposent, via une application ou un site internet des services de médecine à distance. Mais l’entreprise, membre de la French Tech et qui compte désormais 150 salariés, a également mis en place des bornes et des cabines de consultation dans des ZIP (zone d’intervention prioritaire), plus connues sous le nom de déserts médicaux.
Les fondateurs de Medadom sont partis d’un constat d’inégalité d’accès aux soins en France avec les chiffres suivants :
- 1,6 million de Français renoncent à des soins chaque année
- 6 jours en moyenne pour obtenir un rendez-vous chez un généraliste (DREES, 2018)
- 11 % des Français de plus de 17 ans n’ont pas de médecin traitant
- 27 millions de Français vivront dans un désert médical en 2027
Selon l’institut Molinari, près d’un milliard d’euros pourraient être économisés. Medadom précise : « Le coût d’un patient aux urgences, c’est 250 euros en moyenne, assure Nathaniel Bern. Une téléconsultation, c’est 25 euros. C’est dix fois inférieur ! ». L’économie pourrait en effet être significative alors que près de 21 millions de français se déplacent aux urgences chaque année.
L’entreprise réfléchit donc à placer des bornes aux urgences pour réguler les patients. “Est-ce que cette borne sera à l’entrée des urgences ou avant ? Est-ce que le patient aurait un enregistrement administratif ou non ? On y réfléchit, indique Elie-Dan Mimouni, Il y a une autre possibilité qui est d’orienter le patient vers des points où se situent la borne autour. On pourrait adresser le patient vers une pharmacie ou un médecin proche des urgences”.
Medadom propose également dix mesures pour garantir l’accès aux soins urgents et notamment pour cet été alors qu’une crise dans les services des urgences est à craindre :
- Rediriger des patients des urgences hospitalières vers la téléconsultation
- Orienter des patients dès la régulation médicale grâce à la téléconsultation
- Intégrer la téléconsultation dans le parcours patient au sein des urgences hospitalières
- Soutenir financièrement l’équipement et les moyens humains dédiés à l’accompagnement
- Garantir le remboursement sans conditions dans les ZIP
- Permettre la majoration des téléconsultations et étendre la permanence de soins au samedi matin
- Exonérer les médecins de la limite des 20% d’activité de téléconsultation pendant les périodes de forte
- Accorder une dérogation aux centres de santé « phygitaux » les exonérant de la limite des 20%
- Garantir le remboursement sans conditions des téléconsultations
- Mettre à disposition une cartographie des sites de télémédecine en France sur Santé.fr
Des cabines aux nouvelles bornes
Depuis cinq ans, Medadom a donc implanté sur le territoire 2200 cabines, dans des pharmacies, des mairies, des collectivités territoires ou même des maisons de santé. Les patients peuvent donc s’y déplacer, sans rendez-vous et obtenir une consultation par l’un des 200 médecins membres, en quelques minutes. Les cabines étant équipées de dispositifs médicaux comme un stéthoscope ou un tensiomètre, le médecin va pouvoir consulter avec l’aide du pharmacien en fonction du niveau d’autonomie du patient.
Mais Medadom vient également de mettre en place une borne, de la forme d’un gros ordinateur portable, qui dispose des mêmes fonctionnalités que la cabine. Pour respecter la confidentialité de la consultation, elle a vocation être placée dans des zones isolées, que ce soit dans des pharmacies ou des mairies. Cette idée de borne, petit et donc facilement mobile est venue du fait que selon Medadom, en ville, « 10 % des pharmacies ont très peu d’espaces ».
La start-up, qui a levé 40 millions d’euros en 2020, évoque un prix de 219 euros par mois pendant 36 mois pour une borne et de 399 euros par mois pendant 36 mois également, pour une cabine. Elle précise que des aides publiques existent pour les pharmaciens qui souhaiteraient se munir de ces produits. Ces nouvelles bornes seront déployées sur le territoire d’ici un ou deux mois, indiquent les cofondateurs.