Ce groupe industriel « traditionnel » œuvre dans un marché en pleine mutation. Hager France doit donc à la fois accompagner la numérisation pour accompagner ses clients installateurs et distributeurs, mais également mener sa propre transformation interne.
Alliancy. Quels sont les principaux enjeux du groupe Hager en France pour 2020 ?
Stephan Kreutzer. Nous souhaitons continuer à nous appuyer sur nos forces que sont notre métier historique l’installation électrique dans le résidentiel et la proximité avec nos clients pour poursuivre notre développement. Une maison sur trois en France est équipée d’un produit Hager… En parallèle, nous souhaitons tirer profit de nouveaux axes de croissance que sont la mobilité électrique et l’efficacité énergétique, tout comme les systèmes de gestion de l’énergie intelligents… Des sujets majeurs pour le groupe aujourd’hui.
Ces sujets décollent-ils réellement en France par rapport à l’Allemagne ?
Stephan Kreutzer. En Allemagne, nous avons racheté il y a deux ans l’entreprise E3/DC, spécialiste de la gestion et du stockage d’énergies renouvelables. Créée en 2010 et à la pointe dans ce domaine, elle est devenue leader de ces solutions intelligentes sur le marché allemand. Le contexte outre-Rhin est très différent de la France [où le prix de l’électricité est moins cher, NDLR], mais nous sommes convaincus que le marché hexagonal ira aussi dans ce sens, pas forcément pour la maison individuelle dans un premier temps, mais il va y avoir des cas d’usage avec d’autres partenaires qui vont apparaître sur du bâtiment collectif et du semi-public.
Et la borne de recharge dans le collectif ?
Stephan Kreutzer. C’est un réel axe de croissance pour nous aujourd’hui en France. Nous sommes déjà présents sur ce marché dans des bureaux, des parkings ou encore des hôtels… Cette année, des évolutions vont arriver. Nous allons dévoiler une nouvelle borne, encore plus intelligente et plus ouverte, plus connectée… pour pouvoir l’intégrer dans des propositions à forte valeur ajoutée avec des partenaires qui proposent des services associés. Mais, comme nous le faisons en Allemagne, nous voulons aller encore plus loin sur ces sujets en France et cherchons à intégrer ces bornes dans tout l’écosystème, dans des systèmes plus complexes que nous testons actuellement avec des clients, promoteurs immobiliers ou opérateurs comme Freshmile par exemple.
Concernant l’efficacité énergétique, comment l’abordez-vous ?
Stephan Kreutzer. En France, nous déployons dans les bâtiments tertiaires des solutions qui permettent de suivre et de visualiser les consommations énergétiques, comme Agardio.manager que nous allons encore faire évoluer cette année. Tout l’enjeu de l’efficacité énergétique étant que le véhicule électrique pourrait devenir à terme le plus gros consommateur d’électricité d’un bâtiment… Les systèmes de gestion doivent donc être de plus en plus intelligents et là on en revient au sujet lié à E3/DC dont je parlais précédemment. Nos équipes travaillent notamment avec des constructeurs automobiles sur un projet appelé HEMS pour « Home Energy Management System », qui vise à développer une solution de gestion des consommations et des usages en fonction des besoins des utilisateurs.
En interne, comment intégrez-vous le numérique dans vos différentes solutions ?
Stephan Kreutzer. Hager est un groupe industriel très concentré sur le hardware, la technologie… Mais, quand on parle d’objets connectés comme ceux que l’on fabrique, on ne peut plus vendre un produit et après c’est fini. On le remet à jour, le software évolue… Ce sont des coûts récurrents… La question de la façon de vendre le produit et du service par la suite est évidemment au cœur de nos réflexions. D’où la création, en janvier 2018, d’une « Digital Factory » sous la responsabilité de Julien Maillard, en charge de l’interface client digitale. Cette équipe, qui regroupe des compétences marketing digital, UX, data, méthodes agiles… met à profit le numérique au service des Business Units et pays où le groupe est présent.
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Vous auriez un exemple à citer d’une application faisant le lien entre nouvelles technologies, applications et votre cœur de métier ?
Stephan Kreutzer. Un de nos éléments de différenciation reste la proximité avec nos clients que sont les installateurs. Ce sont eux qui portent notre offre à l’utilisateur final et l’un de nos enjeux est donc de leur rendre la vie plus facile. Note application « Hager Ready » a été lancée en 2018 et est remise à jour régulièrement. Elle permet à l’installateur de faire son relevé de chantier avec le client et lui permet de sortir rapidement un devis jusqu’aux autocollants à poser sur le compteur électrique… On l’aide ainsi à tout concentrer sur une seule application. Aujourd’hui, nous comptons environ 60 000 utilisateurs de cet outil en France, soit bien plus que notre propre réseau Elexium.
D’autres projets digitaux à venir ?
Stephan Kreutzer. Nous avons réalisé des vidéos en ligne pour former nos installateurs sur des questions spécifiques… Mais nous réfléchissons encore à améliorer notre assistance technique par ce biais. Nous souhaitons aussi accompagner nos partenaires distributeurs, en les aidant à renforcer le parcours client qu’ils proposent, de façon à le rendre le plus fluide possible. Cela passe par leur fournir des données complémentaires, autres que techniques… L’idée est d’enrichir de plus en plus cette relation avec notre réseau via le digital.
Sont-ils très demandeurs de ces innovations ?
Stephan Kreutzer. Tout dépend… Cela freinait encore beaucoup il y a cinq ans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. De plus en plus d’installateurs évoluent vite et se rapprochent du monde des intégrateurs, de l’IT… La question de la maintenance et du suivi devient un vrai sujet pour eux car cela leur prend énormément de temps. D’où l’importance de leur mettre à disposition des solutions les plus ouvertes, interopérables et évolutives possibles…
Comment fonctionnez-vous pour ces partenariats, cela se fait par activités, par pays ?
Stephan Kreutzer. Nous avons un portefeuille de solutions multimarchés, sur lequel nous échangeons régulièrement entre managers lors de rencontres spécifiques au niveau du groupe. Et, il y a deux ans, une nouvelle fonction – Digital & Information* - a été créée chez Hager. Elle va bien au-delà du DSI, puisqu’elle intègre les ERP, les outils collaboratifs, la Digital Factory, l’industrie 4.0… C’est en quelque sorte une DSI « orientée client » pour piloter cet ensemble.
* Etienne Dock a rejoint Hager Group en avril 2018 pour accélérer la transformation digitale du groupe. Depuis mai 2019, il dirige l’ensemble des activités liées au digital et aux technologies de l’information en tant que Senior Vice President Digital & Information. Il est en charge de la stratégie digitale du groupe et de son application à l’ensemble des processus de l’entreprise. Il est membre du Comité Stratégique de Hager Group.
Qui est le groupe industriel franco-allemand Hager ?
Ce fournisseur de solutions et de services pour les installations électriques propose une offre allant de la distribution d’énergie électrique à la gestion technique des bâtiments, intégrant le cheminement de câbles et les dispositifs de sécurité.
- Président : Daniel Hager, fils de l’un des deux fondateurs (société 100 % familiale créée en 1955)
- Plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires
- 11 500 salariés / 60 nationalités
- Présence dans 140 pays
- 22 sites industriels dans dix pays
- 7 % du CA consacré à la R&D
En France :
- 2ème pays du groupe en termes de chiffre d’affaires et 1er effectif du groupe
- 10 centres de compétences (5 000 stagiaires formés en présentiel sur les produits en 2019) en régions
- Environ 2 700 collaborateurs
- 4 sites de production (Obernai, Saverne, Chavanod, Crolles).
Le « Projet 2020 » du groupe, déployé actuellement et sur cinq ans (2016-2020), vise à terme à atteindre les 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et les 20 000 collaborateurs.