Jacques-Antoine Marret, Chief Technical Officer de Groupama Supports & Services, était l’invité de notre Alliancy Talk du 18 mai dernier, consacré aux stratégies cloud des entreprises et à l’open source. Entre enjeux de réversibilité, de maîtrise économique et technique et de transformations des modes de travail de l’IT, son témoignage a mis un coup de projecteur sur les préoccupations actuelles de nombreuses entreprises françaises en transformation. L’évènement a également été l’occasion pour Jean-Christophe Morisseau et Yacine Kheddache, respectivement Country General Manager et Specialist Solution Architect Manager de Red Hat, partenaire de cet évènement, de livrer leur analyse du marché, à l’aune des annonces réalisées lors du dernier Red Hat Summit.
Alors que selon le dernier rapport Red Hat « The Sate of Entreprise Open Source », 9 responsables IT sur 10 utilisent des solutions open-source, associe-t-on intuitivement ce parti pris technologique au cloud ? « Non » reconnait Jacques-Antoine Marret, directeur des Technologies et de la Production Informatique de Groupama, qui souligne cependant qu’un certain nombre de questions finissent toujours par se croiser entre les deux sujets. « A l’époque on se projetait pas dans le cloud de cette façon. Maintenant on s’aperçoit qu’il y a une convergence » analyse-t-il.
Invité lors de notre Alliancy Talk « Stratégie cloud & open source : quelles conditions pour être (vraiment) libre de ses choix ? » le CTO a pris le temps de décrire la posture IT de son entreprise : « Nous n’avons pas une stratégie « all in », mais nous avons bien noté l’inéluctabilité du cloud : nous devons construire des infrastructures et des systèmes cloud ready. Surtout, nous voulons être en mesure de choisir, d’arbitrer selon les sujets pour continuer à faire évoluer un SI extrêmement riche, ancien, aux fondations très profondes, de façon cohérente ».
Faire en sorte que le patron de ligne SI soit maître de son destin
C’est donc la question de la réversibilité qui a retenu l’attention du dirigeant IT : « Sur les grandes productions IaaS ou PaaS, il est évident que l’on doit pouvoir se réserver la possibilité de changer d’avis, et de construire une parfaite harmonie entre ce que l’on fabrique en propre et ce que l’on fait dans le cloud et vice versa. Or, transvaser de l’un à l’autre n’a rien de simple aujourd’hui ». Il note que cette question appelle systématiquement celles de la maîtrise des coûts et du renforcement de la résilience de l’entreprise. Une sorte de quadrature du cercle, quand on doit gérer à la fois du « green field » (les nouveaux projets) et le passage à l’échelle ou la transformation d’assets existants.
Et la question est loin d’être seulement technologique. « Être cloud ready, c’est être aussi capable d’élargir son approche méthodologique de l’informatique » insiste Jacques-Antoine Marret, « un « patron de ligne SI » doit être maitre de son destin, en ayant à disposition les bonnes compétences face aux opérateurs, et en leur permettant de collaborer de la bonne manière ». En la matière, son regard se tourne pour le coup vers son expérience open source : « Je vois que notre usine DevOps autour d’Openshift et de la conteneurisation est aujourd’hui parfaitement huilé et processée ; cela fonctionne ». L’enjeu organisationnel reste ainsi fondamental pour faire bouger les lignes.
Quand le marché veut dépasser la relation client-fournisseur autour du cloud
Pour Jean-Christophe Morisseau, country general manager de Red Hat pour la France, le lien entre les stratégies cloud et open source est transparent : « L’enjeu majeur pour de plus en plus d’entreprises, c’est non seulement d’innover mais d’intégrer ces innovations dans leurs systèmes. C’est là que l’open source pèse : des centaines de milliers de personnes consacrent beaucoup de temps à innover dans les communautés open source. Et l’objectif de « l’open source d’entreprise » est de faciliter l’intégration de cette innovation, pour en faire un pilier des stratégies informatiques de plus en plus cloudifiées ».
« Notre métier d’éditeur est d’ailleurs aujourd’hui en train de changer fondamentalement pour mieux accompagner ce mouvement, souligne pour sa part Yacine Kheddache, Specialist Solution Architect Manager de Red Hat, car il faut que nous soyons dans une logique partenariale plutôt que seulement fournisseur-client, avec les entreprises. C’est pourquoi nous avons une practice Open Innovation Lab qui nous permet de jouer aussi sur le changement humain et organisationnel dont ont besoin les entreprises en plus des technologies. Par la pratique, on aide les teams leaders de l’entreprise à faire changer leurs silos de l’intérieur ». Entre préoccupation technologique et évolution de gouvernance, ces changements internes débloquent ainsi des transformations business beaucoup plus larges.
Retrouvez l’ensemble des échanges de nos invités dans le replay de notre Alliancy Talk « Stratégie cloud & open source : quelles conditions pour être (vraiment) libre de ses choix ? »