La crise que nous traversons a mis l’ensemble des acteurs privés comme public devant le fait accompli. Pour MySherpa.io, même si certains ne voulaient pas en entendre parler, ou trainaient des pieds pour sa mise en place, la transformation numérique de nos habitudes et de nos territoires devient un impératif. Il est, dès lors nécessaire pour les pouvoirs publics, et les collectivités territoriales de mettre en place une offre rapide et cohérente pour aider à la transformation numérique de leur territoire.
Que nous apprend la crise du Covid-19, sur la transformation numérique ?
L’enjeu de toutes transformations, et notamment de la transformation numérique, c’est la conduite des changements. La notion « numérique » traite ici de technologies mais le mot « transformation » traite de l’humain, d’adaptation et de changement.
A lire aussi : Mathieu Nohet (Manty) : « Les collectivités doivent valoriser leurs données numériques pour pouvoir être plus efficaces »
Effectivement, il existe une multitudes de démarches qui permettent de conduire cette transformation notamment, celle de John P.Kotter dont les travaux, « Leading Change », reposent sur une vision globale des organisations et s’assemble autour de 8 étapes, pour installer de manière progressive le changement. John P.Kotter a surtout mis en évidence la première étape, qui est primordiale : créer un sentiment d’urgence ! Durant les confinements successifs, pour lutter contre le Covid-19, nous sommes rentrés dans un environnement de test de la conduite des changements pour adopter le numérique, de manière massive ! Le sentiment d’urgence n’est plus questionné et il a créé les conditions pour basculer la France dans le numérique pour ses relations sociales, l’éducation et le travail.
L’éducation en ligne
Face à ce tsunami du Covid-19, l’Éducation Nationale n’a pas eu d’autre choix que de mettre en place ce qu’elle s’est jusqu’à présent refusée à faire : aménager des classes virtuelles. Cette éducation en ligne a aussi exacerbé la compétition avec de nouveaux acteurs jusque-là ignoré car banni des lieux scolaires, les jeux en ligne. Le confinement générant une promiscuité nouvelle quand la même pièce sert de salle de jeux et de salle de classe.
La télévision publique a cherché également à capturer ce « temps de jeune cerveau disponible » et a proposé des programmes pédagogiques pour supporter les parents. Il aura fallu cette crise pour que deux services publics de l’État se parlent enfin, pour produire ce qui existe déjà dans de nombreux pays où la TV est aussi un média éducatif.
Les collectivités territoriales sont elles aussi au pied du mur, il y a nécessité d’une mise en place d’un écosystème éducatif complémentaire, porté par un programme adapté par le Ministère de l’Éducation nationale, mais aussi porté par les collectivités avec les outils qui sont à leur disposition au niveau local (infrastructures, associations, tiers-lieux, monde culturel, etc).
Le télétravail dans la « Digital Workplace »
Depuis 25 ans, bien avant Internet mais depuis le téléphone, le télétravail est considéré comme un atout économique écologique et social permettant gain de temps de transports et bien-être au travail. Pourtant dans une étude de 2018 seuls 6 % des salariés français le pratiquait et jusqu’à 25% de façon occasionnelle. Depuis le 17 mars pour nombre d’entreprises le télétravail est devenu une obligation, pour celles qui n’avaient jamais poussé ce mode de fonctionnement elles découvrent les difficultés à assurer leurs missions sans avoir au préalable posé les bases nécessaires pour cette collaboration à distance.
La « digital workplace » capture depuis quelques années ce concept de s’appuyer sur le digital pour fluidifier les interactions entre collaborateurs. L’agilité des développements informatiques a mis en pratique ce concept avec ses propres outils. Sans surprise, les équipes agiles habituées à une organisation cadencée et des interactions numériques entre participants, ont fonctionné́ normalement. Leur attention aura plus été sur l’humain que sur les outils.
Télétravail oui, mais toujours avec une sécurité sociale et physique. C’est cela qui sera à l’avenir la nouvelle norme.
La résilience de la relation clients omnicanale
Les distributeurs qui n’ont pas de site internet ont été purement et simplement rayés de la carte pour leur clientèle confinée dans un premier temps, et restreints à un commerce micro-local.
En France, 76 % des entreprises seulement sont présentes sur les réseaux sociaux et 69 % possèdent un site Internet et 26 % pour y vendre des produits et des services. Ceux qui peuvent en même temps bénéficier d’une logistique de livraison à domicile ou de « Drive » sont en train de prendre leurs parts de marchés. La capacité à être présent en même temps sur tous les canaux, et basculer de l’un à l’autre de façon agile, est devenu un facteur de résilience. Il y aura un avant et un après confinement pour la stratégie logistique, sa résilience et son intégration plus forte dans un modèle de relations client.
La crise actuelle aura donc poussé tous les acteurs à franchir n une semaine des étapes de progression de leur transformation digitale qui n’étaient pas dans leur agenda à moyen terme. La question pour chacun est alors de savoir si l’après crise sera exploité pour en faire un nouveau modèle opérationnel et progresser plus loin dans la transformation.
Le sans contact en question !
Mastercard a décidé de revoir dans différents pays la limite au Sans Contact (PayPass). Le réseau domestique Français avait indiqué qu’il n’était pas prévu de suivre le mouvement. Il était plutôt souhaité de permettre aux clients de séparer le paiement en plusieurs transactions de 30€ maximum.
Le 9 avril dernier, le GIE CB a décidé d’avancer dans la réflexion. Le groupement indique maintenant envisager une réévaluation du plafond de paiement sans contact à 50€
Les transports et la nécessité de retisser le réseau du Fret
La France fait face à un choc sanitaire sans précédent. Cette crise révèle des aspects méconnus, mais clés, de la vie économique française : le besoin vital d’approvisionner nos foyers et des secteurs d’activité en soutien direct de l’économie française.
La période que nous traversons a mis en lumière le rôle stratégique de la logistique. Sa mission d’organisation des flux de marchandises, de façon rapide, massive et cohérente, est plus que jamais déterminante pour la compétitivité des filières industrielles françaises. Le développement du fret est propice à la relocalisation de la création de valeur économique au bénéfice de tous les territoires.
Il est à noter que la reprise économique, va poser la question du coût du transport. Qu’il soit terrestre, aérien ou ferroviaire, celui-ci va être un coût supplémentaire important, notamment du fait de la demande en pic que la reprise va engendrée. Il devient dès lors essentiel de permettre aux entreprises de pouvoir bénéficier de mutualisation de moyens et de partage des coûts sur la partie logistique (stockage) et transport.
Le « jour d’après », il sera nécessaire de refonder la filière du transport ferroviaire de fret, de manière collective (État, régions, SNCF Réseau, entreprises ferroviaires, industriels, citoyens). Nous devons prendre totalement notre part au « Green Deal » européen visant la neutralité carbone en 2050, objectif qui nous oblige à agir de façon claire et massive dès maintenant.
La sécurité et l’agilité dans notre quotidien
La France a été confinée, entrainant de facto un frein dans la signature de nombreux contrats et donc le report dans le temps d’opérations parfois nécessaires à la bonne santé d’une entreprise. Mais si, pour remédier à ces difficultés et éviter ainsi un report de ces opérations, vous passiez à la signature électronique de vos documents ? En effet, dès fin mars, nombre d’entreprise ont eu recours à ce procédé afin de finaliser avec succès le closing de différents types d’opérations. Le confinement et la fermeture des offices notariaux rendait impossible la présence physique chez le notaire pour la réalisation d’un acte notarié. Il est désormais possible de déroger à cette exigence. Ainsi, l’activité notariale peut se poursuivre pleinement.
Les villes intelligentes sont-elles mieux armées pour gérer les crises ?
Aux contraintes multiples auxquelles les villes doivent faire face ces dernières années (pression financière, aléas climatiques, plus grande attente des citoyens en matière de transparence…), s’ajoute désormais la gestion de crises sanitaires d’ampleur inconnue.
« La ville intelligente se doit d’être plus fraternel, mais aussi plus efficace et durable ».
La ville intelligente doit favoriser la lutte contre l’exclusion, elle doit permettre aussi non seulement la continuité des services essentiels, mais aussi une plus grande inclusivité, même en temps de crise. Mais également se penser au-delà des simples centres urbains, et le confinement amène des questionnements sur les zones plus rurales ou semi-urbaines qui doivent pouvoir diffuser l’info au plus grand nombre et activer elles aussi des dispositifs et outils numériques capables d’aider et d’accompagner même en zone isolée.
Comme John P. Kotter l’avait mis en image il y a 14 ans pour accompagner sa démarche, la crise reste un accélérateur de l’émergence de nouveaux modes d’organisation et de la conduite des changements associée
« Nous sommes les liens que nous tissons avec les autres », Albert Jacquard.