Le 4 octobre dernier, la Commission nationale Informatique et Liberté (Cnil) a levé ses sanctions à l’encontre de Teemo, start-up spécialisée dans le marketing mobile pour aller vers du « drive to store ». Dans les trois mois qui ont suivis l’injonction, la start-up s’est en effet mise en conformité avec la loi concernant la collecte et la conservation des données de géolocalisation recueillies en temps réel (par SDK in-app).
Aujourd’hui, la technologie en ordre (nouveau CMP) et l’écosystème sensibilisé, Teemo déploie une bannière sur les applications de ses partenaires pour alerter sur la collecte des données (titres de presse notamment, enseignes de la grande distribution…), la finalité du traitement et « ainsi recueillir explicitement le consentement des internautes, qui l’accordent à plus de 80 % », explique Benoît Grouchko, cofondateur de la start-up.
D’ailleurs, le cadre réglementaire clarifié permet à tout l’écosystème de se projeter plus sereinement : « On sent les effets positifs sur le business », constate-t-il.
Côté éditeurs, la solution permet de prouver aux annonceurs l’efficacité d’une campagne achetée sur leurs espaces publicitaires. Côté annonceurs, il s’agit de générer davantage de trafic dans les magasins, tout en optimisant la performance de leurs investissements marketing avec un maximum de transparence et de contrôle.
« Nous sommes confrontés à un paradoxe aujourd’hui, précise le dirigeant. On consomme encore beaucoup dans le monde physique, mais les clients passent leur temps sur leur mobile et dans le monde digital… Il faut donc trouver la solution pour que le physique puisse mieux cibler les clients et personnaliser l’expérience. Le mobile offre cette opportunité de construire une passerelle entre les deux mondes et, surtout, de faire les bonnes propositions en fonction des utilisateurs. »
Teemo cible donc les promotions via le mobile selon les profils et leur géolocalisation, avec une solution complémentaire et stratégique pour tous les annonceurs du monde physique.
Si les années 2016-2017 ont été celles de la super croissance en France et aux Etats-Unis, l’an dernier fut surtout pour Teemo celle de la transition avec la RGPD et du gros coup de frein de la Cnil. « Maintenant que nous avons réglé la question, nous avons deux focus principaux cette année : accélérer notre développement outre-Atlantique, que nous avons vraiment enclenché mi-2018, et retrouver notre rythme de croissance en France ». Et ce grâce à sa nouvelle offre, GeolocStation, une plateforme proposant aux éditeurs d’applications mobiles de prendre le contrôle des données de géolocalisation collectées via le SDK de la solution. « Aux éditeurs ensuite de gérer la data. D’ailleurs, à terme, il y aura plus de données ainsi collectées, de meilleure qualité et captées avec une CMP validée par la Cnil. »
Teemo compte d’ailleurs déployer la même « offre » aux Etats-Unis concernant la privacy, sachant que le « California Consumer Privacy Act », qui vise à mieux protéger les données personnelles en ligne des internautes dans cet Etat américain, entrera en vigueur l’an prochain. « Nous voulons appliquer là-bas les mêmes standards qu’en Europe, anticipe le dirigeant. L’esprit RGPD va se répandre dans le grand public… On va vers une convergence. Il y a une pression croissante de tous les côtés, y compris des Etats. Reste à voir qui pilotera ces règles là-bas, même s’il y a clairement une plus grande sensibilité autour de ce sujet en Europe. »
D’ailleurs, les clients sont de nouveau au rendez-vous, que ce soit les enseignes de points de vente, dans l’alimentaire, le retail spécialisé, les restaurants, les banques… « Toute marque qui possède des points de vente », résume Benoît Grouchko.
Aujourd’hui, Teemo regroupe une cinquantaine de personnes, en majorité basées à Paris, et à New York (filiale) et recrute cette année d’abord sur les fonctions commerciales (10 embauches).
Quelques repères
- Création de Teemo : fin 2014
- Start-up cofondée par des anciens de Google, de Criteo et un serial entrepreneur du mobile
- Lancement de la solution : fin 2015
- La société a déjà levé 15 millions d’euros, auprès d’Isai et Index Ventures notamment.