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Télémédecine : industrie, entreprises et laboratoires se mobilisent pour la recherche sur le coronavirus

Parmi le guide de préparation à la phase épidémique de Covid-19 publié par le Ministère des Solidarités et de la Santé pour le personnel soignant en France, se trouve une recommandation de recours à la télémédecine. En effet, c’est un moyen très efficace pour préserver le personnel médical de toute contamination et pour gérer des consultations de patients plus rapidement. Mais des industriels, entreprises et laboratoires ont décidé d’aller encore plus loin en créant leur propre site de téléconsultation : maladiecoronavirus.fr. À terme, cette plateforme permettrait de récolter plus de données sur les patients contaminés et faire avancer la recherche.

Des entreprises, industriels et acteurs du monde de la recherche se mobilisent pour récolter le plus de données médicales possibles grâce à une nouvelle plateforme : maladiecoronavirus.fr

Des entreprises, industriels et acteurs du monde de la recherche se mobilisent pour récolter le plus de données médicales possibles grâce à une nouvelle plateforme : maladiecoronavirus.fr

“Nous étions à 20 millions de bénéficiaires avant la crise, aujourd’hui nous sommes à 25 millions et ça continue d’augmenter, précise Marie-Laure Saillard, CEO de la start-up de téléconsultation MesDocteurs. Nous n’étions pas dimensionnés pour traiter toutes ces demandes mais on s’adapte.” 

Comme toutes les entreprises spécialisées en téléconsultation, MesDocteurs a connu une grande augmentation de trafic depuis le début de la crise épidémique. Le taux d’usage de la plateforme a été multiplié par six chez les bénéficiaires et par dix chez les professionnels de santé. 

“Nous travaillons de manière très collaborative avec nos concurrents et la communauté médicale” ajoute-t-elle. Les acteurs technologiques spécialisés en télémédecine – en plus de pouvoir soulager le personnel médical sur-sollicité – ont une capacité à transmettre des informations et données de santé publique précieuses pour les instituts de recherche. 

“Depuis de nombreuses années, les dossiers patient sont informatisés et enrichis avec un croisement de différentes données médicales, rappelle Philippe Billet, Directeur Général France et Europe du Sud d’Ascom, fournisseur international de solutions de communication et de flux de travail mobiles destinés au secteur de la santé. Ces dossiers de soin sont au coeur du dispositif aujourd’hui et le débat c’est comment les rendre accessibles à tous les hôpitaux.“

Le gouvernement a souhaité renforcer le cadre d’exercice de la télémédecine pour faire face à l’urgence. Un décret du 10 mars dernier prévoit jusqu’au 30 avril 2020 des conditions d’exercice aménagées pour les consultations de médecin à distance telles qu’une prise en charge par l’Assurance maladie des soins prescrits par téléconsultation. 

Car depuis 2018, ces actes de téléconsultation sont bien pris en compte par l’Assurance maladie, mais à condition qu’ils soient faits auprès d’un médecin traitant ou praticien consulté durant les douze mois précédents. Le nouveau décret du ministère de la santé prévoit donc d’assouplir ces règles de remboursement pour permettre à toute personne confinée de consulter un médecin à distance.

En parallèle, des entreprises, industriels et acteurs du monde de la recherche se mobilisent pour récolter le plus de données médicales possibles grâce à une nouvelle plateforme : maladiecoronavirus.fr

Qu’entend-on par télémédecine ?

Il y a tout d’abord la téléconsultation qui est un acte médical en direct où le patient décrit ses symptômes et échange directement avec le médecin pour recevoir son diagnostic et des prescriptions de médicaments si nécessaire.

La téléexpertise, elle, permet au professionnel de santé de solliciter d’autres professionnels médicaux en raison de leurs compétences particulières.

La télésurveillance est également un autre moyen laissé aux médecins d’interpréter à distance les données recueillies sur un patient.

Et enfin, la téléassistance correspond au fait pour un médecin d’assister à distance à la réalisation d’un acte médical opéré par un de ses pairs.

Quelles sont les instructions faites aux Français face au coronavirus ?

Si il est possible de déroger aux mesures de confinement pour des raisons de santé, il est toutefois vivement recommandé de rester chez soi. Même si vous présentez des symptômes de contamination au coronavirus (fièvre, toux, difficultés respiratoires…), ne vous rendez surtout pas à l’hôpital ou chez votre médecin. Vous risquez de contaminer d’autres patients ou bien vous exposer au virus. Il faut donc privilégier la prise de contact de son médecin à distance et décider d’appeler le numéro 15 qu’en cas d’urgence grave.


Plus de données pour accélérer la recherche

La télémédecine permet de dématérialiser un bon nombre d’actes médicaux, mais les données qu’elle génère tombent parfois aux oubliettes. C’est en ce sens qu’un site d’information et d’orientation du grand public appelé “Maladie Coronavirus” a été développé en une semaine par l’Alliance Digitale pour établir un suivi plus précis de l’épidémie. 

Concrètement, toute personne pensant avoir été exposée au Covid-19 ou manifestant des symptômes est appelée à réaliser cette auto-évaluation gratuite afin d’obtenir des préconisations d’orientation en fonction de son état de santé. L’algorithme de la plateforme, co-développé par l‘Institut Pasteur et l’AP-HP, a été validé par le Ministère des Solidarités et de la Santé

Depuis sa mise en ligne le mercredi 18 mars, le site a affiché plus de 4,6 millions de visiteurs et a permis grandement de filtrer les demandes (taux d’orientation de 15 % vers le 15). Les données non nominatives, stockées dans des data center français opérés par Docaposte (filière digitale du groupe La Poste), sont ensuite mises à disposition de l’Institut Pasteur pour mieux analyser l’évolution de la maladie et accélérer la recherche d’un traitement.

“Ce qui est intéressant avec maladiecoronavirus.fr ainsi que tous les outils de télésurveillance et téléconsultation, c’est que l’on peut traiter des données plus précises sur le covid-19 à court terme”, précise Stéphanie Combes, directrice du Health Data Hub. Lancé par le gouvernement par un arrêté ministériel du 30 novembre 2019, le Health Data Hub s’occupe de regrouper toutes les données issues des organismes publics de santé pour les mettre à disposition des chercheurs. 

“Les acteurs de la téléconsultation sont en contact permanent avec la population et peuvent faire remonter des informations cruciales aux agences de crises sanitaires, ajoute-t-elle. La prochaine étape c’est de faire de maladiecoronavirus.fr une plateforme open data où tous les acteurs de télémédecine peuvent y contribuer.”

Health Data Hub se chargera de réceptionner les données centralisées par l’Institut Pasteur et les mettre à disposition d’acteurs de la recherche identifiés par ses soins. Pour elle, les entreprises doivent dépasser les enjeux de concurrence et accepter de collaborer avec l’Institut Pasteur pour contribuer à l’effort de recherche.

Les acteurs à l’origine du projet

Cette initiative lancée par Docaposte, Kelindi, Dernier cri et De Gaulle Fleurance & Associés a été rejoint par huit nouveaux partenaires (AG2R LA MONDIALE, AstraZeneca, CompuGroup Medical, Johnson & Johnson, La Banque Postale Assurances, Malakoff Humanis, MesDocteurs et le groupe VYV). Cette dernière réunit tous les acteurs à même de fournir des fonds et/ou des compétences d’experts de cet effort de guerre sanitaire.

Les préconisations ont été établies sous l’égide du groupe de travail Covidtele qui réunit des médecins spécialistes de l’AP-HP, des CHRU de Rennes, Lille et Bordeaux, du CHRU et de l’Université d’Angers, du Centre Hospitalier et de l’Université du Mans, de l’Institut Pasteur et de l’Institut de Cancérologie du Mans avec la contribution de médecins spécialistes de médecine libérale, de médecine d’urgence, infectiologues, des ingénieurs en e-santé et des plateformes de téléconsultation et télésurveillance », précise-t-on dans le communiqué officiel.


Des zones d’ombre à éclaircir

“C’est la première fois que nous voyons une plateforme qui propose en amont d’orienter des patients, affirme Florian Le Goff, fondateur de Kelindi. Ce projet a mobilisé des mastodontes de la recherche et de nombreux acteurs technologiques pour pouvoir être déployé très vite.” En effet, il précise que quinze développeurs ont été mobilisés pendant une semaine entière pour achever la plateforme et des industriels comme Docaposte ont proposé leur hébergement pour bénéficier de la puissance de calcul et la capacité de stockage nécessaires.

L’intérêt principal étant de permettre à l’Institut Pasteur et l’APHP de faire un lien complet entre la consultation des patients et les parcours non remboursés. Une “zone d’ombre” que l’Alliance Digitale se propose d’éclaircir en proposant un algorithme que le monde de la recherche n’a pas le temps de concevoir en temps de crise.

“La télésurveillance est très adaptée à la gestion épidémie car elle permet une gestion d’ensemble des patients symptomatiques, clarifie Christine Katlama, médecin à Hôpital Pitié-Salpêtrière et spécialisée en maladies infectieuses et tropicales. Ces plateformes permettent de rassurer le public et nous livrent quelques points d’information sur l’état de la maladie à domicile”. 

Elle précise que la majeure partie des données récoltées sur le coronavirus provient des patients hospitalisés. La téléconsultation permettrait de suivre aussi les personnes infectées et assignées à résidence. C’est en ce sens que l’AP-HP et Nouveal e-santé ont déployé le 9 mars dernier l’application mobile Covidom dans les hôpitaux Bichat et Pitié-Salpêtrière. Le but étant d’opérer un suivi médical à domicile des patients porteurs ou suspectés Covid-19 qui ne nécessitent pas d’hospitalisation.

La concertation entre les différentes plateformes de télémédecine s’avère donc nécessaire pour récolter le plus de données possibles sur l’évolution des symptômes du covid-19. Reste à savoir dans quelques mois si ces efforts contribueront à mener des résultats épidémiologiques concluants.

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