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Thomas Rousseau (Veolia) : “Nous pouvons protéger la planète tout en faisant du profit.”

Comme toute multinationale du CAC40, Veolia cherche à être une entreprise profitable. Mais l’entreprise permet aussi à 110 millions de personnes de recevoir de l’eau potable, et à 45 millions de voir leurs déchets récoltés, ou encore de produire 66 mégawatts sans énergie fossile… Thomas Rousseau, Directeur Financier (Branche IT) & Directeur CIO Office de Veolia revient sur la raison d’être d’un grand groupe, la notion de responsabilité et celle de développement économique.

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Thomas Rousseau, Directeur Financier (Branche IT) & Directeur CIO Office de Veolia, invité au Cercle des Partenaires du Numérique d’Alliancy le 4 décembre 2019.

Alliancy, le mag : Est-ce possible de défendre la planète en tant que grand groupe du CAC 40 ?

Thomas Rousseau. François Bertreau, le précédent directeur général du groupe, disait parfois : “J’ai du mal à savoir si Veolia est une ONG qui veut protéger la planète ou bien un groupe ultralibéral qui veut surtout faire du profit”. C’est un problème d’identité qui concerne de nombreuses grandes entreprises, mais aussi très précisément Veolia, vu nos activités. A tel point qu’Antoine Frérot, notre président actuel, a souhaité ré-exprimer la raison d’être du groupe en 2019. Cette identité et la stratégie qui va avec, consiste à dire que nous pouvons être les deux, et qu’il n’y a pas de complexe à avoir. Nous pouvons protéger la planète et faire du profit. Si nous éprouvons un malaise vis à vis de cette problématique au niveau de notre société, le résultat sera catastrophique : ceux qui font du profit ne défendront jamais la planète et ceux qui défendent la planète n’auront jamais les moyens pour le faire.

Comment aborder spécifiquement la question de la pollution numérique au sein de votre groupe ?

Thomas Rousseau. A la direction informatique, notre CTO, Hervé Dumas, a décidé de s’intéresser à l’empreinte carbone de notre réseau informatique. Mais lorsqu’il s’agit de rappeler à la direction générale que l’informatique en soi est polluante et qu’il va falloir éventuellement mettre en place des projets coûteux pour rectifier le tir, il est inutile de se présenter seulement muni de bons sentiments. Cela ne suffit pas. Dans un groupe du CAC40 qui cherche le profit, il est nécessaire d’ajouter la notion d’économies financières à la démarche et prouver qu’un choix écologique vertueux peut signifier, par extension, un gain économique fort. C’est ainsi que l’on créé un alignement des planètes et que l’on obtient un sponsoring fort de la direction générale.

La DSI doit-elle changer de posture en conséquence ?

Thomas Rousseau. Je pense que cela est bien connu : chez Veolia nous avons fait le choix d’adopter un environnement de travail basé sur le cloud de Google – qui est environnementalement plus vertueux qu’un équivalent on-premise, du fait de la mutualisation qu’il supporte et de l’optimisation énergétique de ses centres. Au niveau de la DSI, nous souhaitons cependant aller plus loin et, par phénomène de capillarité, diffuser le sens de ce choix technologique auprès de nos collaborateurs, de leur cercle familial et amical. La sphère d’influence d’une DSI dépasse donc ses seuls effectifs. Et en la matière, nous voulons toucher un maximum de personnes, en utilisant tous les médiums qui s’offrent à nous : des cabinets de conseils aux associations en passant par les autres entreprises ou encore les conseils municipaux. C’est en distillant une vision plus responsable de tous les usages liés au numérique, et en donnant l’exemple de façon responsable dans l’entreprise, que nous pouvons espérer avoir un impact sur la société.

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Avez-vous un autre exemple qui relève de cette responsabilité globale d’entreprise ?

Thomas Rousseau. Les deux sujets sont liés, mais le télétravail est également un très bon exemple. Veolia en a généralisé la pratique grâce à ses nouveaux outils numériques. Nos collaborateurs ne sont presque plus affectés par les grèves ou les épisodes neigeux. Et même hors période de grèves, le télétravail permet déjà des journées sans embouteillages ! Mais plus encore que le bien-être du collaborateur, nous pouvons ainsi influencer des grands équilibres de mobilité : le télétravail peut aussi avoir un impact sur la répartition de la population dans le pays, sur les problématiques de gestion du transport à grande échelle, sur le développement économique de territoires. Les grandes entreprises qui représentent des centaines de milliers de personnalités, peuvent littéralement contribuer à désengorger les grandes villes et désenclaver des régions isolées. C’est aussi cela la responsabilité des entreprises.

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