Les outils collaboratifs sont-ils forcément incompatibles avec les projets confidentiels ? Pas pour Total, qui a adopté dans le cadre de l’un de ses programmes de R&D une solution pour fluidifier les échanges avec ses partenaires extérieurs. Un moyen de travailler en « intelligence collective » avec le monde universitaire.
Du réseau social d’entreprise aux visioconférences, les outils de travail collaboratif deviennent de plus en plus présents dans les entreprises. Mais comment faire concernant les projets à haute sécurité ? C’est la question à laquelle a dû faire face Total il y a deux ans et demi. L’un de ses programmes de R&D, étudiant le fonctionnement des chaînes de montagne, nécessite une collaboration étroite avec différents partenaires (universités, Bureau de recherches géologiques et minières, Institut national des sciences de l’Univers, etc).
Ce programme regroupe des projets complexes : « Orogen » sur l’évolution géodynamique des massifs montagneux et son impact sur les conditions de formation des hydrocarbures dans la chaîne pyrénéenne, « Source to sink » sur l’érosion des sédiments, ainsi que des échanges de données entre les différentes équipes de géophysiciens en France, en Espagne et en Grèce. « Les géophysiciens ont besoin de partager une grande quantité d’informations sur les données sismiques notamment. Or, à Total, nous n’avions pas d’outil permettant d’associer de nombreuses personnes », explique Sylvain Calassou, responsable du projet de R&D sur les marges de convergence (site à la frontière des plaques tectoniques où se déroulent des phénomènes géodynamiques intenses). Le programme, de par son expertise stratégique et ses questionnements à la fois scientifiques et industriels, demande une certaine sécurisation.
Jusqu’à présent, le groupe accordait des licences ouvertes de manière individuelle. Mais l’ampleur du projet ne permettait pas de reproduire ce fonctionnement pour gérer la communication scientifique. Face à ce besoin nouveau, l’équipe a cherché une solution répondant aux exigences de sécurisation de l’information. « Nous avons testé plusieurs plateformes collaboratives et notre DSI a effectué un audit pour vérifier les critères de sécurité, car toute porte vers l’extérieur présente un risque », détaille le responsable du projet. Le choix de Total s’est porté sur la solution Wimi Armoured, la version haute sécurité de l’éditeur Wimi pour les projets sensibles.
Avoir une vraie discipline, un élément indispensable
Adopter des outils collaboratifs dans un contexte de sécurité de l’information a été une problématique pour Sylvain Calassou. Ses équipes ont dû travailler étroitement avec celles de Wimi pour contrôler tous les paramètres. « Quand on démarrait une visioconférence, on s’est aperçu que le système se connectait aux serveurs d’Amazon. Nous avons demandé à Wimi de diriger cette connexion vers ses propres serveurs pour notre usage spécifique, afin que les données restent sur le continent », raconte-t-il.
Une supervision a également dû être effectuée du côté de ses partenaires universitaires. « Il est indispensable d’avoir une vraie discipline dans la conduite de tel projet. Ce n’est pas toujours évident car les chercheurs n’ont ni les mêmes devoirs, ni la culture de la sécurité informatique que nous », reconnaît Sylvain Calassou, qui reçoit, dans son rôle d’administrateur, une notification dès qu’un utilisateur effectue une action sur la plateforme. Une centaine de personnes utilisent aujourd’hui le logiciel. « Cela les rassure finalement de pouvoir travailler sur un espace ouvert tout en étant protégé », observe-t-il.
La mise en place de l’outil collaboratif s’est révélée positive. « Quand on gère un projet académique, il est nécessaire d’assurer un certain dynamisme de groupe », confie Sylvain Calassou. Les membres de l’équipes vont désormais utiliser la plateforme pour la rédaction des thèses des doctorants, qui arrivent aux termes de leurs études.