Suite à notre dîner-débat qui a réuni DSI et directeurs de l’innovation sur le thème de la transformation applicative, Alliancy a synthétisé les 3 défis et les 2 chantiers prioritaires mis en avant par les entreprises participantes.
La transformation des activités des entreprises grâce au numérique est souvent médiatisée par ses finalités : nouveaux services pour les clients, facilitation de la collaboration et du travail des collaborateurs, voire pour les plus ambitieuse, évolution du business model. Mais les moyens techniques pour y parvenir, beaucoup plus prosaïques, n’en restent pas moins une préoccupation de premier plan pour les organisations.
Il en va ainsi de la transformation de leurs applications, un sujet qui regroupe à la fois la nécessaire modernisation de l’existant, la gestion du legacy du système d’information, et la création de nouvelles applications dites « modern apps », généralement cloud native ou qui en reprennent en tout cas les caractéristiques. Plus encore, la coordination entre ces deux aspects a toutes les apparences d’un casse-tête chinois, alors qu’elle implique à la fois une transformation ambitieuse du fonctionnement de la DSI et des métiers, et des choix stratégiques assumés pour innover, en matière de développement notamment.
Aller au-delà de la réponse « digital factory »
Sur cette deuxième dimension, beaucoup de grandes entreprises ont fait émerger ces cinq dernières années des « digital factories » au sein ou à côté de leur organisation, pour accélérer sur la création d’applications modernes avec des méthodes ad-hoc. Mais ces structures ne font pas tout. C’est pourquoi Alliancy, en partenariat avec VMware, a réuni lors d’un dîner de la rédaction un comité de DSI et directeurs de l’innovation qui sont à la manœuvre sur ces sujets. Ils ont accepté de partager leurs priorités.
Comme l’a résumé l’un des participants : « La transformation applicative dans un monde où l’IT est une commodité, ne peut être pensée qu’en tant que transformation globale, et pas seulement technique ». A ce titre, l’un des points de départ de ce dîner-débat a été de faire émerger les défis principaux qui se posent aujourd’hui en matière de transformation applicative, du point de vue des organisations invitées. Pour ce faire, nous avons demandé aux participants d’exprimer par mots clés et de façon anonyme leurs principales préoccupations sur le sujet. Il en ressort trois points majeurs, sur lesquels tous les acteurs ont convergés, ainsi que deux autres préoccupations complémentaires.
Défi n°1 : L’évolution du rapport IT-Métier
Les mots clés utilisés :
- Transformation des métiers en plus de celle de l’IT
- Convergence des roadmap métiers-produits-IT
- Gérer la traction métier sur la transformation applicative
- Identifier clairement les drivers métiers
- Appropriation des résultats de la DSI par le reste de l’organisation
- Trouver l’équilibre entre agilité et innovation des fonctions business, et risque du shadow IT
- Gérer la déconnexion entre les besoins business et les contraintes IT
Défi n°2 : Passer de l’expérimentation à l’industrialisation
Les mots clés utilisés :
- « Scalability »
- Passage à l’échelle pour les applications
- Industrialisation
- Innovation au run à l’échelle
- Positionnement des digital factories par rapport à l’organisation
Défi n°3 : La bonne définition de la valeur de la transformation… et sa mise en avant
Les mots clés utilisés :
- Enjeu du « Time to value »
- Combien coûte vraiment une transformation applicative ?
- Comment montrer la valeur obtenue clairement ?
- Valorisation des services
- Impact du coût réel du cloud public et des conditions de sortie sur la transformation applicative
Au-delà de ces trois défis structurants, deux autres préoccupations ont été mise en avant, mais plutôt comme un contexte à garder en considération, alors que les organisations tâchent de relever les différents challenges. La première est liée à la cybersécurité, face au risque devenu endémique d’attaques sur les SI, notamment quand ceux-ci s’ouvrent de plus en plus (sur Internet, sur les SI de partenaires ou de clients…) et que la démarche d’innovation peut être vécue comme une accentuation de la prise de risque. Autrement dit, jamais la sécurité n’a été un point aussi entremêlé à la transformation applicative qu’aujourd’hui. Et les DSI veulent en tenir compte.
L’autre élément de contexte qui préoccupe sur chacun des trois défis, c’est la question du legacy. Ou plus exactement de la conciliation d’un point de vue RH et compétences (IT en particulier) de la rénovation de l’ancien et de la création du neuf en matière de transformation applicative. Les entreprises ont souvent été échaudées par les séparations nettes « théoriques » qui ont pu leur être préconisées il y a quelques années. Elles veulent aujourd’hui pouvoir penser de façon cohérente les deux faces de la pièce, mais cela tire le fil de nombreuses autres questions, comme celles de l’externalisation, de l’évolution de leurs effectifs internes ou de la maîtrise des technologies qu’elles peuvent conserver de façon réaliste dans un univers où la course en avant technologique est de plus en plus difficile à suivre.
Deux priorités pour les mois à venir
A partir de cet état des lieux, les échanges se sont concentrés sur l’identification du ou des chantiers prioritaires pour les mois à venir. Sur quoi les DSI, CDO, directeur de l’innovation… devraient-ils vraiment passer du temps ? Face à un sujet aussi transversal, c’est volontairement que nous avons poussé les participants à choisir leur combat, comme « s’il ne fallait en garder qu’un ». Après avoir exploré plusieurs axes, les intervenants à ce dîner-débat ont choisi de prendre de la hauteur. Plutôt que de faire ressortir une priorité technologique ou une pratique méthodologique, ils ont convergé vers la nécessité absolue de mener l’effort sur deux aspects structurants :
- Chantier prioritaire n°1 : Montrer la valeur et coller à la stratégie business
- Chantier prioritaire n°2 : Adresser le sujet des compétences
Ainsi, le focus s’est clairement fait sur la capacité que devait construire les DSI à se connecter à la stratégie, au sens des revenus, de la valeur ressentie par les directions métiers et, plus généralement, de l’évolution des priorités business. Cette évolution culturelle implique le plus souvent de gommer les frontières IT/métier traditionnelles d’une façon ou d’une autre, pour faire émerger un modèle global. Mais en la matière chaque entreprise devra créer sa propre recette. Surtout, un point d’attention pour ce chantier est le délicat passage entre le fait d’apporter et préserver la valeur actuelle pour le business, et celle d’anticiper la valeur de demain. Chacun des deux aspects doit être pris en considération au niveau de l’IT, sous peine autrement de n’être renvoyé qu’à une vision hémiplégique de la valeur de la transformation applicative.
Et en tout logique, le deuxième chantier est intimement lié au premier, car l’évolution des compétences est un corollaire obligatoire. Aujourd’hui, de nombreuses grandes entreprises notamment industrielles ont une grande majorité, parfois 90%, de leurs équipes IT qui s’occupent exclusivement de legacy. Regarder vers l’avenir demandera non seulement de la formation, mais aussi une évolution managériale majeure, faite de confiance et de « courage managérial » pour reprendre le terme utilisé par plusieurs participants. Ce chantier n’est d’ailleurs pas qu’une question IT interne : il concerne aussi les compétences et appétences métiers et la stratégie de sourcing des partenaires technologiques. Comme le souligne un participant : il est en la matière plus que temps de changer les exigences et les KPI observés vis-à-vis des prestataires, pour coller aux nouvelles réalités de l’agilité à l’échelle qui se mettent en place en interne dans les organisations, de l’IT aux métiers.
Retrouvez les participants à ce dîner-débat dans notre article : 21/09 – Dîner de la rédaction « Accélérer la transformation applicative »