Mercredi 29 juin, Alliancy organisait en partenariat avec Workday un dîner-débat sur le thème de la « DSI broker de services ». L’occasion pour des directeurs des systèmes d’information et CTO d’expliquer l’évolution de cette notion et de détailler les caractéristiques principales des services numériques à fournir à l’entreprise, tout en échangeant sur leurs défis actuels les plus structurants.
Mais la question de savoir ce qu’est vraiment une IT broker de services en 2022 va évidemment plus loin que cette seule définition, car le rôle même de la DSI, son périmètre et son rapport au métier ont profondément changé en quelques années. Les services IT sont par exemple aujourd’hui apportés majoritairement par des acteurs externes, ne serait-ce que par les facilités du cloud, mais pour autant, une DSI ne peut se permettre de perdre son dynamisme et son expertise en termes de capacité d’innovation et d’accompagnement des métiers. Le chemin de crête à parcourir est étroit dans les organisations pour garder la bonne agilité, tout en restant maître de son destin.
Doctolib, SMCP et la SNCF témoignent
Réunis le 29 juin à l’Aéroclub de France à Paris, une sélection de DSI, CTO et directeurs métiers a pu en témoigner, en analysant ce qu’impliquait ces évolutions récentes, à l’échelle de leurs entreprises respectives. Pour animer les discussions, Alliancy avait pris le parti de faire témoigner en ouverture du dîner-débat trois sociétés emblématiques de taille et de secteurs très différents.
Ainsi, Sébastien Louyot, directeur des services IT de la plus célèbres des scale-up française, Doctolib, est revenu sur la transformation de l’IT interne de sa structure, dans un contexte d’hyper-croissance particulièrement notable. « Notre premier challenge est clairement celui de la simplification, ou en tout cas d’éviter de complexifier notre système d’information au fur et à mesure de notre croissance. » a-t-il rappelé, avant de dévoiler les choix de Doctolib en matière de gouvernance, de gestion de projets ou même de recrutements.
De son côté, le groupe SMCP était représenté par Marie-Caroline Bénézet, directrice des opérations et de la transformation, qui a détaillé pourquoi il était vital pour l’ETI du « luxe accessible », au plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, d’avoir une vision des services IT qui dépasse le cadre d’une DSI traditionnel. Le but : orchestrer une vision cohérente des opérations et de la supply chain avec les enjeux numériques« Si l’on veut diminuer le temps de production et de mise sur le marché ou bien avoir de meilleures capacités de réallocation des stocks entre les canaux ou entre les marchés, il est essentiel de mener des actions conjointes entre supply chain et IT » a insisté la dirigeante.
Enfin, le nouveau directeur de la transformation numérique de la SNCF, Frédéric Novello, ex-DSI de Transilien, a pu partager les forts enjeux du groupe français, sur fond d’ouverture de la concurrence. Celle-ci impliquant un fonctionnement qui pousse à la subsidiarité et à la création de filiales ad-hoc pour répondre à la fragmentation des nouveaux marchés, les services numériques du groupe doivent être pensés différemment que ce qu’ils étaient par le passé. A la recherche de modularité et d’agilité à tous les niveaux, la SNCF change ainsi depuis des mois ses parti-pris en matière IT.
Broker de services : le cloud, oui… mais pas seulement
Entre montée en puissance sur le cloud, capacité à muscler ses développements internes avec des fonctionnements agiles, mais aussi bilan sur les initiatives en matière de digital factory de ces dernières années ou sur les difficultés de recrutement et de fidélisation des talents, les entreprises réunies ont pu débattre des facteurs qui pesaient le plus sur la transformation du rôle de leur DSI. A table, les retours d’expériences se sont multipliés, que ce soit de la part des groupes comme Thales, Axa ou Carrefour ou encore des entreprises de taille plus intermédiaire comme le spécialiste de l’intérim Actual.
Pierre Gousset, vice-président avant-vente EMEA de Workday, co-animateur des débats, a pour sa part mis en garde que le sujet était loin d’être seulement technologique : « L’idée selon laquelle migrer un service applicatif existant dans le cloud résoudrait les problèmes de la dette technique, de la qualité de service et du time to value est encore trop présente dans les esprits. Il faut le marteler : l’hébergement d’une vieille application sur un cloud, ce n’est pas ce qui permettra de devenir un broker de services ! ».
En soulignant les points de convergence entre recettes de scale-up et adaptations de grandes entreprises, il a ainsi appelé les acteurs à ne pas regarder cette transformation avec des œillères, et à dépasser les raccourcis qui pouvaient venir avec une terminologie du « brokering de services » parfois limitative. La variété des thèmes abordés durant cette soirée lui aura visiblement donné raison.