Après s’être intéressé aux étapes clés pour mettre l’Humain « au centre » de la transformation numérique de l’entreprise, notre chroniqueur Benito Diz met à plat la question fatidique du nouveau rôle de la DSI.
A lire aussi : [Chronique] Repenser sa stratégie IT pour transformer son entreprise : les vrais incontournables
Les collaborateurs de la DSI disposent d’outils de remise à niveau de leurs compétences, d’acculturation aux nouvelles méthodes de travail et aux nouvelles technologies (Gestion des talents). Accompagné et formé, chacun d’entre eux profite de l’opportunité de se reconvertir dans ce « Nouveau Monde » d’innovation et de technologie.
Il doit y avoir un lien fort entre la DRH et la DSI afin de bien prendre en compte les formations techniques apport de valeur pour l’entreprise.
L’automatisation change la donne
Cependant, la formation technologique seule ne saurait suffire. Les équipes doivent être acculturées à cette nouvelle organisation de l’entreprise, aux nouvelles missions/fonctions, aux nouveaux métiers de l’informatique (DevSecOps, FinOps, Data Scientist, Data Analyst, Machine Learning Engineer…). Cette acculturation incarne le levier de la transformation et de l’innovation, avec de nouveaux outils digitaux et de nouvelles méthodes de conception (telles que le Design Thinking) afin d’embarquer aussi les métiers au long cours sur les projets.
L’automatisation, la disparition de certaines tâches et l’évolution vers l’accomplissement de tâches générant plus de valeur ajoutée entraînent aussi un changement pour la plupart des salariés de la DSI. Ils apprennent à faire faire, à piloter des tâches avec des livrables et des résultats (mode projet). Il est nécessaire qu’ils entrent dans un processus de formation continue (méthodologie, technologie…) afin de rester compétents dans ce nouveau paradigme.
La relation avec le métier et le rôle même des collaborateurs métier doivent aussi évoluer. Finis les silos historiques de MOA / AMOA-MOE et autres modèles en V. La transformation passe par la création de plateaux projets où le métier est partie prenante en tant que product owner, propriétaire de produit dans le cadre de travaux holistiques et itératifs, avec l’objectif de livrer des produits à la fois les plus finis possibles, mais aussi les plus proches du besoin. Sans oublier la nomination d’un pilote, d’un chef de projet métier qui sera aux commandes du plateau projet pour prendre les décisions finales. Ces plateaux projets agiles regrouperont toutes les équipes nécessaires à la réalisation du besoin et à l’automatisation du processus, qu’il s’agisse d’expertises métier (Design Thinking, UX, CX) ou informatiques (DevSecOps, urbaniste, architecte, Finops…).
Toujours dans le secteur de l’environnement, mon ancien responsable des infrastructures qui a évolué vers des compétences cloud, me disait deux ans après la migration et le changement d’organisation vers des plateaux projets avec les métiers, que son métier avait beaucoup évolué sur une trajectoire qu’il n’avait pas imaginée : il propose maintenant avec ces équipes pour les nouveaux besoins des métiers des alternatives aux développements avec des solutions sur étagères existantes et donc il transforme de potentiels développements en intégration et paramétrage de solutions sur étagères.
Il a, de même, su faire évoluer les architectures des applications portées dans le cloud tout en les simplifiant, les sécurisant et en les mettant à l’échelle sans pour autant augmenter les coûts de ces derniers. Ceci a été rendu possible avec l’aide d’une fonction que nous avions créée dès 2015, dès le début comme « contrôleur de gestion du cloud » qui est devenu Finops.
L’urgence de clarifier le rôle de la DSI pour les métiers
En parlant de fonctions/missions, les organisations des DSI et les positionnements des collaborateurs ne sont pas toujours clairs et lisibles, cela peut créer des incompréhensions et freiner l’appel des salariés aux informaticiens. Il est donc important d’être clair et lisible sur les titres, missions et fonctions des salariés de la filière informatique (même pour les cas très technologiques) afin de ne pas construire une tour de Babel entre les métiers et la DSI.
Le système d’information doit être centré sur son rôle de levier de performance de l’entreprise, avec des outils modernes et de nouvelles technologies afin d’optimiser les processus de livraison en continu (Pipeline DevOps –CI/CD-…). Néanmoins, la technologie n’est qu’un accélérateur et non une fin en soi. En œuvrant sur le SI, les collaborateurs permettent à la DSI de se moderniser, de devenir visionnaire, communicante, innovatrice et pilote de la transformation numérique de l’entreprise.
A lire aussi : Transformation applicative : les deux chantiers prioritaires des DSI en 2022
Les nouveaux enjeux de l’IT doivent être axés sur la donnée et sa génération de valeur (de ses flux et de leur sécurisation) et sur les parcours clients internes et externes (incluant la définition des règles de gestion des métiers). Cette transformation n’est cependant possible qu’avec un contrôle des infrastructures supportant toutes ces automatisations (cloud, pipeline DevOps…).
La DSI doit rendre des comptes, assumer un rôle de gendarme et d’arbitre sur le plan technologique et technique, d’expert et de chef d’orchestre sur les sujets de sécurité, de préservation du patrimoine des données, de pilotage et du respect des engagements (SLA) avec des intervenants qui se multiplient.
Au-delà des compétences et des méthodes, la fonction DSI, à l’instar des autres fonctions, est de plus en plus partagée et ses métiers évoluent : des métiers disparaîtront, mais de nouveau naîtront (principe de Schumpeter sur le mouvement permanent de destruction et de création d’activités du fait de l’innovation).
Et je vous donne rendez-vous dans deux semaines pour une nouvelle chronique, qui permettra de passer en revue les principes directeurs à toujours avoir en tête quand on doit à ce point accompagner le changement de postes et rôles dans son organisation.