Face à la multitude d’outils digitaux présents dans le monde industriel, qu’est-ce qui fonctionne vraiment ? Quel rôle pour les collaborateurs sur le terrain ? Quelles solutions font encore défaut ? Pour répondre à ces questions, Alliancy, en partenariat avec Solvace, a réuni un panel d’acteurs de la transformation. Retour sur cet atelier qui avait lieu en juin dernier.
>> Cet article est extrait de notre guide Les Défis d’un nouveau monde, sur le thème « Source de la donnée, partage d’information, empowerment : les usines face aux nouveaux défis de la digitalisation », à télécharger ici : https://www.alliancy.fr/guide-usines-defis-digitalisation
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Une dynamique clairement engagée
D’abord, il y a bien entendu la volonté d’améliorer l’excellence opérationnelle en rationalisant fortement l’usage des nombreuses solutions qui ont pu être déployées depuis dix ans. Dans le groupe Air Liquide par exemple, beaucoup de données sont récoltées depuis 2016 par une organisation centrale pour monitorer toute la production, et ce pour répondre au plus près aux besoins des clients, quasiment en temps réel. Pour autant, il ne faut pas omettre l’impact culturel d’un tel changement. Derrière cette ambition de mieux partager les données, dans l’usine ou à l’échelle de tous les sites d’une entreprise, les organisations cherchent aussi à renforcer l’engagement de leurs collaborateurs jusqu’au cœur de la production. En effet, les changements amenés par les solutions numériques peuvent engendrer de nombreuses conséquences en cascade, aussi bien sur les performances individuelles que collectives. L’adoption des nouvelles pratiques est, in fine, ce qui distingue une digitalisation réussie des expérimentations inachevées.
Anne-Delphine Beaulieu, chief sustainability officer & digital transformation de Lisi Group, une ETI du secteur de l’automobile : « Plusieurs de nos applications industrie 4.0 renforcent la transparence et la collaboration entre tous dans nos usines où il faut que les échanges soient fluides. Par exemple, nos personnels d’atelier disposent d’une application Fabriq pour faciliter les réunions PSM (problem solving management). Les données dont ils ont besoin sont intégrées et c’est aussi le lieu où gérer tous les problèmes rencontrés de façon très simple. C’est une solution digitale codéveloppée au départ avec une start-up. C’est notre façon de répondre au plus près aux besoins de nos usines. »
D’abord la notion d’adoption…
Face à cette accélération de la transformation numérique, tous les participants parlent en effet de revenir aux fondamentaux et à davantage de rationalisation des solutions précédemment introduites. « Nous redonnons de la bande passante aux opérations face au digital, poursuit Dominique Maisonneuve, smart industry project manager de Lacroix Electronics. Après une phase d’expérimentation et d’innovation importante et le lancement de notre nouvelle usine 4.0 appelée Symbiose, Lacroix concentre ses efforts sur l’optimisation des solutions récemment introduites dans le but de soutenir la satisfaction client et la performance industrielle. » Ainsi, à l’instar de Lacroix, les entreprises souhaitent que les investissements réalisés démontrent leur rentabilité… avant l’introduction de nouvelles solutions. « On ne veut pas toujours être disruptif, mais on veut toujours avancer », résume l’un des participants.
… Puis celle de la fiabilité de la data
Pour faciliter l’adoption des différents outils, l’usage de la data se démocratise également à tous les niveaux de l’usine. Il est devenu important que l’information arrive au plus près du terrain et quasiment en temps réel, une fois analysée. La base de données est d’ailleurs souvent centrale à toute l’entreprise, ce qui garantit une certaine fiabilité et qualité de la donnée, avant d’être redispatchée sur tous les sites, au niveau des bons interlocuteurs. On parle alors de granularité de la donnée.
C’est en effet une des demandes récurrentes des clients chez Solvace, relate Yannick Bordereau, directeur du développement de Solvace en Europe, qui est de mieux traduire les contenus autour des meilleurs procédés et démarches. « Il faut pouvoir rechercher les contenus avec des mots-clés, et ce, au-delà de la barrière de la langue pour être certain de trouver les bonnes informations au niveau d’un groupe international. »
Le sujet est en effet central pour tous les participants avec un objectif précis : il faut que la donnée soit incontestable et sécurisée. Pour autant, aujourd’hui, il y en a partout, elle n’est pas assez structurée, elle est encore trop silotée et, surtout, chacun y va de son analyse. Dans ce contexte, il va aussi falloir rationaliser ; avec, dans le viseur, l’arrivée progressive de l’IA et de l’IA générative, que tous regardent de près… Aujourd’hui, chacun est sur une IA propriétaire, à l’inverse du cloud, mais reste bien conscient qu’il faut préparer les solutions d’IA pour demain.
En conclusion, si le digital est une fin en soi, tout est arrivé vite et plus fort ces dernières années. « On vit une accélération dans le temps, il faut rester ouvert et capable de bouger vite. On ne maîtrise pas tout… » Mais tous sont d’accord : l’industrie de demain sera économe, souveraine, résiliente et donnera le pouvoir à l’humain, résume l’un des industriels présents. Il faut donc former à tous ces sujets, même si cela ne suffit pas : « Avoir un référent pour la montée en compétence de chaque équipe est un impératif, qui sera aussi un point de contact de proximité », conseille Yannick Bordereau.
Human centric serait donc le nouveau rôle de l’entreprise demain. C’est-à-dire faire en sorte que ses collaborateurs soient conscients de ce qu’ils font, tous éduqués et apprenants…