Ce jeudi s’ouvre l’un des plus grands salons de la tech en Europe. L’évènement se tiendra au Parc des Expositions de la Porte de Versailles pour la quatrième année consécutive, du 16 au 18 mai. Un rendez-vous que le CAC40 ne manquera pas… ou presque. Plus de la moitié ont annoncé être partenaires ou simples participants de VivaTech (graphique en fin d’article). Nous les avons interrogés sur ce qu’ils viennent y chercher ou pas…
En seulement quatre ans, VivaTech s’est imposé comme l’un des événements incontournables de l’écosystème tech européen et international. “Une vitrine du monde de demain” qui comptera plus de la moitié du CAC40, venus présenter leurs propres panels d’innovations et solutions technologiques. Dans une démarche toujours très positive et porteuse d’espoir, cette édition de 2019 sera consacrée, entre autres, à ces différentes thématiques : “Tech For Good”, “Women in Tech”, “United Tech of Europe” et “Africa Tech”.
“Tech For Good”
Cette thématique fait écho au Tech for Good Summit prévu par le gouvernement français au lendemain du salon à Matignon le 23 mai prochain. L’occasion rêvée pour Emmanuel Macron de rencontrer les grands leaders de compagnies technologiques comme Jack Ma, fondateur d’Ali Baba, présent cette année à l’événement. Le président de la République tiendra à ce sujet un discours le jeudi 16 mai à 11h30 sur la scène principale. C’est donc un intérêt pour les grandes entreprises et le gouvernement de valoriser les avancées technologiques dans le domaine de la greentech, edtech, Intelligence Artificielle…
Le groupe Bouygues (35ème / CA de 13 Mds €) présentera l’action de ses cinq filiales (Bouygues Construction, Bouygues Immobilier, Colas, TF1 et Bouygues Telecom) et de leur écosystème de startups partenaires pour apporter le progrès dans la vie quotidienne des occupants des bâtiments et des habitants des espaces urbains tout en rendant les chantiers plus sûrs, plus efficaces et plus respectueux de l’environnement. Au programme : démonstrations de bâtiments intelligents, d’impression 3D en suspension et la finale du concours start-up « comment animer un immeuble intelligent et apporteur de services ».
Engie (22ème / CA de 32,47 Mds €) a intitulé son stand le “Mobility Park” pour présenter ses solutions de mobilité durable. Le groupe en profitera pour présenter ses nouvelles acquisitions telles que EV Box qui, depuis 2017, travaille pour Engie sur la question de la mobilité verte. Cette solution de recharge pour voitures électriques compte plus de 85 000 bornes installées en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.
L’ESN française Atos (39ème / CA de 10,09 Mds €) accueillera cette année 33 start-up sur son Lab autour de 4 thématiques : Industrie 4.0, FinTech, Cybersécurité & Défense et Tech for Good. De nombreux acteurs issus de leur écosystème seront présents comme le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Google Cloud (avec qui l’entreprise a signé une Alliance en avril 2018) et des intrapreneurs. Au total, 40 conférences seront tenues pour délivrer des retours d’expérience et cas d’usage concrets tels que le projet de livraison de médicaments par drones. L’objectif étant de montrer comment la technologie peut accompagner l’humain dans ses missions comme les services de communication ultra-sécurisés pour l’armée de Terre (en partenariat avec la startup GreenSpector) ou encore l’usine connectée au service de l’opérateur (en partenariat avec la startup Picomto)
“Women in Tech”
Women in Tech est une thématique qui vise à mettre en lumière la sous-représentation des femmes dans l’écosystème des start-up et de la tech. C’est d’ailleurs en ce sens que VivaTech décernera jeudi un “EU Prize for Women Innovator” à quatres femmes entrepreneures.
Capgemini (30ème, CA de 18,63 Mds €) focalisera particulièrement son attention sur ce sujet. La 1ère entreprise de services du numérique (ESN) en France mettra ces femmes de la Tech à l’honneur en organisant des rencontres tout au long du salon. En parallèle de ces événements dédiés aux femmes, Capgemini organisera aussi un tournoi d’e-sport et des animations autour de l’Intelligence Artificielle et l’inclusion numérique.
“United Tech of Europe”
Ce thème est d’autant plus pertinent au regard des élections européennes prochaines et l’arrivée imminente du Brexit. VivaTech propose donc d’adresser les challenges auxquels sont confrontés les entreprises et start-up européennes notamment sur la question des données, dans un contexte post-RGPD. C’est aussi un moyen pour les entreprises de délivrer une vision stratégique concernant la concurrence sur le terrain des données, de plus en plus marquée par la présence d’acteurs américains et chinois.
La banque Société Générale (23ème / CA de 23,44 Mds €) se trouvera au sein de cette nouvelle zone “United Tech of Europe » afin de mettre en valeur sa place prépondérante dans le dynamisme européen en matière d’innovation. C’est aussi une occasion pour elle d’afficher ses nouvelles acquisitions comme Lumo, plateforme de financement participatif dédié aux énergies renouvelables achetée à l’été 2018.
“Africa Tech”
La Tech africaine a de beaux jours devant elle. C’est en ce sens que VivaTech propose pour la deuxième année consécutive un pavillon réunissant plus de 100 start-up du continent africain.
Société Générale est un des acteurs majeurs sur la zone « Africatech ». La banque y participe pour démontrer son ancrage sur le continent africain et ses travaux de développement. 12 start-up seront sur le devant de la scène comme My Joule Box qui développe des kits solaires pour donner l’accès à l’électricité dans plusieurs pays d’Afrique.
Le géant pétrolier Total (4ème / CA de 133,63 Mds €) aura aussi son propre stand au sein de l’Africa Lab en partenariat avec Vinci pour la deuxième année consécutive. Il présentera notamment les projets récompensés dans le cadre de son “Challenge Startupper” comme la start-up nigériane AgroData Network qui préserve les abeilles grâce à l’agriculture biologique. Pour cela, elle met des ruches gratuitement à disposition des agriculteurs.
Vinci Energies (11ème / CA de 53,47 Mds €) de son côté, présentera 4 espaces de démonstrations sur la transformation digitale, la transition énergétique, le monde en temps réel et l’industrie du futur. Sur le stand Afric@tech aux côtés de Total, Vinci accueillera une dizaine de start-ups parmi les plus prometteuses du continent.
La compagnie pharmaceutique Sanofi (6ème / CA de 90,9 Mds €) y accueillera également 12 start-up autour de trois challenges : Le diagnostic et la prise en charge du diabète, l’accès aux soins et l’utilisation des données patients sur le continent africain.
Sanofi a par ailleurs sélectionné la start-up algérienne Aquinetic pour présenter sa solution devant un jury d’experts et faire sa démonstration devant le public de VivaTech. Aquinetic a remporté le challenge lancé par Sanofi “comment accélérer l’identification des patients atteints d’une maladie rare et leur orientation vers des centres d’expertise” grâce à sa solution “A-EYE” permettant la visualisation des données de maladies rares pour accélérer le diagnostic.
Le salon VivaTech apparaît comme l’occasion rêvée pour les grands groupes d’exposer et valoriser leurs différentes innovations et dans tous les domaines. Par exemple, dans le retail, Unibail-Rodamco-Westfield (26ème / CA de 21,39 Mds €) est présent et ce, depuis la création du salon en 2016. Cette année, le groupe donnera une vision au Pavillon 1 de ce que vont devenir ses propres centres de shopping. Pour faire du magasin “un espace social, connecté et expérientiel” à part entière, le groupe mise sur l’essayage virtuel, le pop-up store connecté, la borne de réalité virtuelle…
Bien plus qu’une vitrine de l’expérience shopping de demain, le salon représente aussi un enjeu financier. Le 10 mai dernier, Unibail-Rodamco-Westfield affichait la plus forte baisse du CAC 40 à cause de la dégradation de sa banque Citi, désormais mise à la vente. Dans ce contexte, assurer sa place sur le salon est d’autant plus important pour valoriser sa marque auprès des investisseurs et du public.
Reste les grands absents du CAC40…
Mais, d’autres entreprises ne partagent pas ce constat. Airbus (5ème / CA de 93,35 Mds €) par exemple, n’estime pas avoir besoin d’y participer cette année. L’avionneur a en revanche participé au CES de Las Vegas et au Mobile World Congress (MWC) à Barcelone en début d’année.
D’autres grandes entreprises ont également choisi la voie de l’absentéisme. Certaines estiment simplement être déjà bien équipés en matière d’innovation ou considèrent VivaTech comme un salon parmi d’autres et se tournent vers d’autres évènements plus focalisés sur leur coeur de métier.
C’est le cas de Safran (13ème / CA de 50,63 Mds €) qui ne présentera pas de stand étant donné la multiplication du nombre de salons qui le concerne. Selon Safran, “Vivatech est certes une belle vitrine pour valoriser ses technologies et se faire connaître, néanmoins le groupe utilisent plusieurs autres moyens pour découvrir et entrer en contact avec ces acteurs, notamment au travers de sa structure Safran Corporate Ventures créée en 2015 et qui a déjà investi dans huit entreprises innovantes dans les différents domaines d’intérêt du Groupe, ou au travers de son processus d’Open Innovation, dédié à l’innovation collaborative de rupture.”
Le groupe industriel et technologique français préfère favoriser les manifestations qui se concentrent sur son coeur de métier lié à l’aéronautique et la défense. Cependant, quelques experts et collaborateurs vont animer des tables rondes comme Olivier Leclerc sur la thématique de l’entrepreneuriat.
Pour le Crédit Agricole (19ème / CA de 35,74 Mds €), le problème est un peu plus spécifique puisque son concurrent direct BNP Paribas détient l’exclusivité sur l’événement et fait partie des “Platinum Partners”. Cependant, son super accélérateur de start-up Le Village by CA aura pour la première fois cette année un stand dédié (26 Villages ont répondu à l’appel et sélectionné les 48 start-up présentées). Une vingtaine d’autres startups sera présente sur les stands de partenaires du Village tels que Sanofi, Engie… Au total plus de 70 start-up incubées et accompagnées par les différents Villages de France seront présentes à Vivatech. « Nous sommes des connecteurs et des accélérateurs de business. Nous mettons en relation les start-up avec nos partenaires grands groupes et ETI. Vivatech s’inscrit dans cette dynamique start-up/grands groupes et sera l’occasion de mettre en lumière les pépites des Villages by CA. 117 startups ont candidaté pour 48 places », déclare Fabrice Marsella, directeur du Village by CA Paris.
Si plus de la moitié du CAC 40 considère que le salon VivaTech est un des événements les plus adaptés pour exposer et valoriser son innovation, il n’en demeure pas moins que des irréductibles manquent à l’appel. Plusieurs entreprises ont exprimé leur réticence vis-à-vis du prix, sans accepter de le communiquer publiquement et d’autres ont simplement choisi d’autres événements, plus spécialisés, qui coïncident avec leur coeur de métier. “Le festival de Cannes de la Tech Mondiale” reste pour autant une vitrine incontournable pour le CAC 40, ou du moins les entreprises les plus “grand public”.