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VivaTech 2024 : internationalisation, agrandissement, programmes sur-mesure… la recette pour exister face à une concurrence mondiale 

Analyse_VivaTech 2024

[L’Analyse] Alors que VivaTech se tient du 22 au 25 mai à Paris, l’événement fait face à une concurrence très forte sur le plan international. Le rendez-vous de l’innovation en France mise sur plus d’internationalisation et des programmes spécifiques pour marquer sa différence et conserver son attractivité. 

C’est une première pour le HKTDC (Conseil de développement du commerce de Hong Kong). L’organisme chargé d’aider au développement des entreprises dans cette région chinoise sera présent à la porte de Versailles (Paris), à l’occasion de l’événement Viva Technology (du 22 au 25 mai). Pour sa première venue, le HKTDC se fixe pour objectif de valoriser ses startups mais également de convaincre entrepreneurs et investisseurs des atouts de son territoire. Ce rendez-vous annuel, temple de l’innovation, réunit tout un écosystème dont près de 2000 startups aux côtés des plus grands fleurons tricolores. 

Une place forte en Europe, qui doit s’étendre 

Chris Lo, directeur du HKTDC pour la France, l’Espagne et le Portugal, voit en l’événement une opportunité de toucher le vieux continent : “Vivatech est très concentré sur la France mais les participants sont très présents en Europe”. C’est bien la position que souhaitent adopter les organisateurs de l’événement. “Par la qualité, nous sommes numéro un incontestable en Europe”, estime Nicolas Douchement, directeur expérience et stratégie de Vivatech. Pourtant, ce rendez-vous de l’innovation souffre encore d’une difficulté à rayonner plus loin. 

“C’est un événement pertinent sur l’écosystème des start-up européennes et françaises mais ça reste très francophone”, regrette Florent Roulier, manager de l’innovation au sein du cabinet de conseil en transformation digitale Niji. Selon Stéphane Gervais, ancien vice-président exécutif du groupe Lacroix, en charge de l’innovation, l’événement reste “trop franco-français”. Et sur ce point, la concurrence est rude. Afin d’exister face au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas ou au Gitex de Dubaï, deux villes au rayonnement mondial, l’internationalisation est primordiale pour Vivatech. Une stratégie qu’a bien en tête l’organisation qui invite chaque année un pays extra-européen. Cette année, c’est le Japon qui est mis à l’honneur. 

“Ce pays était en pointe sur l’électronique et il y a aujourd’hui une renaissance de l’innovation japonaise”, explique Nicolas Douchement. “Ils viennent montrer leur dynamisme et rencontrer des acteurs internationaux”, souligne-t-il avant d’ajouter : “Notre ambition est d’être international pour rassembler ce qu’il se fait de mieux en termes d’innovation au niveau mondial”. 

La mise en relation investisseur-entrepreneur dans un contexte difficile 

La première apparition du HKTDC à VivaTech cette année n’est pas à dissocier de la mise à l’honneur du Japon. “On travaille beaucoup avec le Japon, mais il faut qu’on soit également présents”, assure Chris Lo, directeur du HKTDC pour la France, l’Espagne et le Portugal. Parmi les 4200 start-up que compte l’ancienne colonie britannique, près d’un quart ne sont pas hongkongaises. Cette forte présence d’entreprises étrangères montre selon Chris Lo, la forte orientation internationale de Hong-Kong. La présence du HKTDC à VivaTech vise notamment à attirer des entrepreneurs tricolores ou européens sur son sol, mais elle a également pour objectif d’aider au développement de jeunes pousses hongkongaises en Europe. 

“L’écosystème est fortement porté par les grandes entreprises en France”, souligne Chris Lo. “C’est un plus pour nous dans l’optique de trouver des investisseurs locaux”. Cette recherche de nouveaux investissements de la part des entrepreneurs est aujourd’hui permanente dans un contexte de “Founding Winter”, où les levées de fonds se font de plus en plus maigres. Cette situation, l’organisation de l’événement l’a bien comprise. Selon Florent Roulier du cabinet de conseil Niji, VivaTech s’oriente dans une stratégie de rencontre entre investisseurs et start-up. “La mise en relation passe avant l’envie de se faire connaître”, ajoute-t-il. 

À travers différents leviers comme des founder lounges, des meetings entre investisseurs et entrepreneurs, des concours de pitchs, VivaTech favorise les initiatives permettant d’aider aux levées de fonds des jeunes pousses. “L’idée est d’essayer de créer des programmes sur mesure notamment à destination des fondateurs de start-up », explique Nicolas Douchement, directeur expérience et stratégie de l’événement, qui assure : “Nous sommes plus qu’un salon”. 

Des grandes entreprises qui effacent les start-up ? 

Mais dans les allées, souvent bondées à la porte de Versailles, outre les entrepreneurs et investisseurs, déambulent également des managers de l’innovation d’entreprises qui viennent trouver de l’inspiration. “On peut s’inspirer de solutions qui ne viennent pas de notre secteur pour les réorienter vers le nôtre”, résume Stéphane Gervais, qui est un visiteur assidu de ce rendez-vous de l’innovation à Paris. Selon lui, c’est également l’occasion d’observer l’ambition que les grands groupes souhaitent porter en termes d’innovation. 

En effet, les grands groupes sont particulièrement présents à VivaTech, avec des stands colossaux et souvent extrêmement travaillés. De LVMH à Orange en passant par le groupe La Poste ou la SNCF, tous répondent présents pour montrer leur image innovante. Pour plusieurs d’entre eux, ils ne viennent pas seuls. Une délégation de start-up accompagne parfois ces grandes entreprises. “Il y a un mélange des genres qui peut porter à confusion”, indique Stéphane Gervais. Le lien entre ces toutes jeunes entreprises et ces grandes entreprises peut être double, soit qu’elles collaborent, soit qu’un investissement a été fait. 

“Cette situation peut être au détriment des start-up », observe l’ancien directeur innovation du groupe Lacroix, car selon lui, les multinationales prennent plus de place et couvrent la présence de ces entreprises innovantes. “C’est un moyen pour les grands groupes de faire leur pub et de montrer qu’ils sont innovants. Les start-up ont du mal à exister dans ces grands encarts publicitaires”, regrette également Florent Roulier, qui estime qu’il faut inverser la tendance. 

Mais pour Nicolas Douchement, cette situation est le reflet d’un modèle clé pour les jeunes entreprises. “Ces entreprises sont importantes pour des centaines de start-up », indique-t-il. “Nous avons voulu illustrer ces modes de collaboration gagnant-gagnant entre ces différents acteurs”. Ce modèle est selon lui mature et une source importante d’innovation mais permet également de montrer l’aspect business mis également en avant sur VivaTech. “Se rapprocher d’une ou plusieurs entreprises est hyper important pour faire du business. C’est parfois un passage indispensable avant de pouvoir grandir à l’international”, juge le responsable. 

La taille mais pas seulement 

Cette faible place laissée pour chaque start-up sur les stands d’entreprises d’envergure mondiale s’explique notamment par le déficit de taille que connaît VivaTech. Avec 53 000 mètres carrés, sa taille est plus de quatre fois inférieure à celle du CES de Las Vegas (230 000 m2) et cinq fois à celle du Gitex de Dubaï (250 000 m2). “Il faut qu’ils prennent plus d’espace”, assure Florent Roulier de Niji. “Certains stands sont trop petits. Il faut avoir les moyens de ses ambitions”, lance-t-il. Ce manque de place joue sur la lisibilité des entreprises présentes. “L’an dernier, c’était confus et il devient de plus en plus compliqué de s’y retrouver”, regrette Stéphane Gervais. “Il y a trop d’exposants par rapport à la taille possible”. 

Mais selon Nicolas Douchement, plus que la taille, ce qu’on y trouve reste le plus important. “L’idée n’est pas de grossir mais de travailler sur la qualité”, indique-t-il. “On a atteint une taille critique pour avoir un impact médiatique qui nous positionne comme un des grands rendez-vous au niveau mondial”, poursuit le directeur expérience et stratégie de l’événement. Il mise ainsi sur les programmes sur mesure pour adresser les populations les plus exigeantes mais il confesse malgré tout : “La question de la taille se posera un jour”. 

Le responsable souhaite également mettre en avant l’innovation positive qu’on trouve au sein de cet événement. “C’est une célébration positive de l’innovation avec de l’émotion et de la valorisation des solutions qui ont un impact positif pour la société ou la planète”, développe-t-il. Un des marqueurs repris pour pointer une différenciation avec les autres grands événements mondiaux. “Contrairement au CES de Las Vegas, l’innovation touche tous les domaines”, observe l’ancien vice-président exécutif du groupe Lacroix, Stéphane Gervais, qui apprécie les surprises trouvées durant l’événement. “Quand on va à VivaTech, on ne sait pas à l’avance ce qu’on va y trouver. Il y a une innovation débridée”. 

Nicolas Douchement observe ses concurrents au niveau mondial mais également au niveau européen. “C’est important de connaître ces événements”, indique-t-il. “Je pense que c’est la complémentarité de ces rendez-vous qui fait la richesse de l’offre”, poursuit le directeur expérience et stratégie de l’événement. Pour lui, cette compétition est saine : “Je continue à penser qu’on a des valeurs qui sont très spécifiques et particulièrement adaptées au marché européen”. Un marché européen au sein duquel la concurrence va faire rage dans les années à venir sur le plan des rendez-vous de la Tech. Le Gitex de Dubaï et le SXSW (South by Southwest) d’Austin (Texas, États-Unis), dont une part est réservée au numérique, poseront leurs valises en Europe dès 2025, respectivement à Berlin et à Londres. 

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