Créé en 2019, Inria Startup Studio a déjà accueilli 90 projets. L’ambition est de monter en puissance à 50 projets par an et ainsi de renforcer le soutien de l’institut dans l’émergence de futures startups. Entretien avec Sophie Pellat, co-directrice d’Inria Startup Studio.
Que représente VivaTech pour Inria ?
C’est un rendez-vous incontournable de la scène européenne. Il est important que les acteurs français des nouvelles technologies y soient représentés. Mais c’est important aussi pour un institut de recherche tel que nous.
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Nous ne sommes pas là pour faire de la démonstration de technologies. Inria intervient pour présenter ce qui s’élabore à la frontière, c’est-à-dire ce qui est en passe de devenir un « produit ». L’émergence de la science qui devient produit, c’est exactement la définition de l’innovation et la mission d’Inria Startup Studio.
Inria entre dans le monde de la tech et du business qu’est VivaTech, non pas pour vendre sa science, au sens premier du terme, mais afin de favoriser et multiplier les échanges entre les différents acteurs. . Bruno Sportisse [Ndlr : PDG de l’Inria] présente l’institut comme un institut plateforme. Ce qu’il souligne ainsi, c’est la position d’Inria au carrefour de multiples interconnexions : partenaires académiques et industriels, créateurs d’entreprise, porteurs de projets, étudiants etc. C’est ce positionnement que nous illustrons à VivaTech. La vie de notre stand sera ainsi particulièrement animée par les projets soutenus par Inria Startup Studio.
Entre Inria et les startups, est-ce une longue histoire ?
Inria accompagne des projets de startups non pas parce que c’est la mode de la startup nation. Mais parce que nous soutenons les startups depuis presque la naissance de l’institut. Sa raison d’être, c’est d’être connecté à la société au travers de ce que nous appelons techniquement du transfert. La seule manière, dans les sciences du numérique, de le faire, c’est par l’intermédiaire de startups.
Depuis 30 ans, Inria soutient des personnes avec une compétence technologique et un projet. Mais comme ces projets sont très en amont, des financements sont nécessaires pour les rendre lisibles des investisseurs. En outre, prendre en compte la problématique utilisateur et intégrer du marketing n’est souvent pas une évidence pour des chercheurs. Une personne sortant d’un parcours scientifique a besoin d’un sas de traduction pour se préparer à entrer dans le monde de l’entrepreunariat.
Le rôle d’Inria est ainsi d’apporter un soutien par du financement et de l’accompagnement. Au cours des 30 dernières années, ce soutien a été constant. Ce qui a changé, selon les périodes, c’est le mode d’action, qui s’est adapté aux évolutions de l’écosystème.
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En 2019, l’Inria choisit donc de créer un startup studio.
C’était un pari un peu fou à l’époque consistant à développer une entité entrepreneuriale à l’intérieur d’un académique. Autre rupture : Inria startup studio a été pensé en volume quand jusqu’à présent nous pensions les choses au compte-gouttes. En volume donc, non pas pour chercher la licorne en analysant finement chaque projet, mais pour créer un vivier de possibles.
Notre parti pris, c’est de financer les porteurs de projets pendant un an pour leur permettre de préparer le design de leur projet entrepreneurial et de décider au terme de cette période de poursuivre ou non. Après cette année, les porteurs peuvent arriver, avec une histoire construite, sur le marché des incubateurs et engager des premiers contacts avec les business angels. Cette phase, c’est aussi l’opportunité de préparer la transition du statut d’étudiant à celui d’entrepreneur.
Quels profils de candidats accueille Inria Startup Studio ?
Beaucoup sont des doctorants. Mais il est ouvert également aux chercheurs permanents et aux ingénieurs d’Inria. Nous avons choisi d’ouvrir plus largement à des personnes, hors Inria, avec déjà une expérience professionnelle, issues ou non du monde académique, dotées d’une compétence technologique et d’une forte détermination.
Depuis sa création, combien de porteurs a accueilli Inria Startup Studio ?
Plus de 140 personnes pour 90 projets au total depuis 2019, dont en moyenne 30 par an. Notre ambition, c’est d’atteindre une cinquantaine de projets par an. Pour devenir un bon professionnel de ce métier d’accompagnement, il est indispensable de parvenir à une masse critique. Les projets sont répartis sur les 9 centres nationaux d’Inria où ils suivent un programme national.
Notre objectif au sein d’Inria est de faire de l’émergence des startups un des métiers de l’institut. Cela suppose de constituer un véritable savoir-faire et donc de disposer d’un volume suffisant de projets à accompagner.
15 projets de startups issus d’Inria Startup Studio seront présentes à VivaTech. Que doit leur apporter le salon ?
VivaTech est l’opportunité d’offrir un espace d’exposition à des projets de startup disposant d’une maturité suffisante. C’est un très bon training pour les porteurs. Mais la participation d’Inria est également l’occasion de faire connaître Inria Startup Studio. Nous sommes un hub de connexion dont la visibilité bénéficie ensuite aux startups elles-mêmes.