En déplacement sur le salon Vivatech, mercredi 15 juin, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire, a annoncé les ambitions de l’Exécutif. Un objectif de 10 “décacornes” françaises d’ici 2030 est fixé. Il a ainsi évoqué plusieurs défis pour y arriver.
En pleine séquence électorale, c’est Bruno Le Maire qui est venu représenter l’Exécutif dans les allées de Vivatech. Aux côtés de Clara Chappaz, directrice de la mission FrenchTech et Bruno Bonnel, secrétaire général pour l’investissement, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a fixé des objectifs ambitieux aux startups de la tech française. “Je souhaite que nous ayons 10 décacornes françaises en 2030, 5 en 2025”, lance-t-il sur la Discovery stage du salon. Entendez, des entreprises ayant une capitalisation à hauteur de 10 milliards d’euros ; soit dix fois plus que les médiatiques “licornes”, dont on dénombre 27 représentantes dans l’Hexagone.
“Notre objectif du plein emploi passera également par la tech”, annonce le ministre dans la lignée de l’objectif de 5% de chômage, envisagé à l’issue du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, les startups de la Frenchtech représentent près de cinq cent mille emplois directs et un million global. “C’est plus 20% chaque année !”, assure Bruno Le Maire devant des fondateurs de startups. Il a ensuite tenu à rassurer les entrepreneurs sur le rôle de l’état à garantir un environnement favorable à leur croissance.
Le ministre de l’Economie a ainsi présenté trois défis qui permettront d’aider à poursuivre l’entreprenariat et à soutenir les startups de la tech française :
- Le financement : “Chacun a bien vu que les conditions de financements changent radicalement. L’argent facile, gratuit ou presque c’est fini ! Les taux zéro ou négatifs pour les Etats c’est fini !”, insiste le ministre dans un contexte de hausse globale des taux d’intérêts. Avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, l’Etat français a lancé “l’initiative Scale-up » avec un fonds d’investissement de 3 milliards d’euros pour financer les startups. “Il n’y a aucune raison que les entreprises de la tech soient américaines ou chinoises”, ajoute le ministre.
- Lier la tech et l’industrie : “Il n’y a pas d’un côté les chercheurs et de l’autre l’industrie. C’est une vision datée, les deux vont ensemble. C’est la tech qui fera la réindustrialisation de la France”, lance Bruno Le Maire. Avant d’évoquer les sujets de souveraineté : « C’est la maitrise de nos technologies qui fera la souveraineté numérique et industrielle de la France. Il n’y a pas de souveraineté industrielle si la technologie vient de l’étranger”, note le ministre de l’Economie. “On compte sur la tech pour nous apporter des solutions aux problèmes industriels qu’on connait. Dans le même temps, nous vous apportons de la stabilité fiscale. Par les temps qui court, c’est pas mal d’apporter de la stabilité fiscale”, ironise Bruno Le Maire dans cet entre-deux tours incertain des élections législatives.
- Le changement climatique : “Je voudrais fixer un autre objectif. Nous sommes quatrièmes en Europe. Ce n’est pas bon. Quatrième ce n’est pas Français. Notre place c’est premier. Les entreprises de la tech doivent être les premières en Europe en matière de lutte contre le changement climatique, lance-t-il avec ambition. D’ici 5 ans, le premier l’écosystème de la tech en Europe doit être français”. Bruno Le Maire a également tenu à promettre une harmonisation des règles pour les produits venant de l’étranger : “Il n’y a aucune raison qu’on vous demande des développements de technologies pour décarboner notre industrie, qui ont un coût, et que dans le même temps on laisse rentrer des produits venus de Chine ou d’ailleurs, soumis à aucune règle”. Il conclut : “Nous nous battrons pour qu’il y ait du Level Paying Feed sur des règles environnementales et industrielles”.
Avant de présenter ses ambitions, le ministre est allé à la rencontre des entrepreneurs sur plusieurs stands comme La Poste, le CNRS et bien évidemment la FrenchTech. Bruno Le Maire a ainsi retrouvé quelques lauréats du Green20 récompensés l’année passée sur le stand. Goutant une brioche à base de microalgues de chez Algama ou discutant avec le fondateur de Lactips, une startup qui conçoit du plastique à partir de protéine de lait.
Cette promotion 2021 avait par la suite levée jusqu’à 500 millions d’euros selon les chiffres avancés par Clara Chappaz, la directrice de la mission Frenchtech, également sur la Discovery stage de Vivatech. En conclusion, Bruno Le Maire a ensuite appelé sur la scène les 20 lauréats parmi les 1800 startups de la “greentech” française. Il a également tenu à faire passer un dernier message. “J’ai un seul petit reproche au monde de la tech. Il faut que l’égalité femme-homme progresse dans le monde de la tech française”.