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Xavier Etienne (Française des Jeux) : « Le jeu c’est de l’informatique »

La Française des Jeux (FDJ) est la société qui détient le monopole des jeux de loterie en France. Elle opère un virage stratégique en réalisant sa transition numérique. Xavier Etienne, directeur général adjoint en charge de la technologie et de l’international est à la tête d’un pôle qui regroupe près de 500 collaborateurs dont la majorité travaille sur les questions liées au numérique. Il revient pour Alliancy sur les enjeux et les problématiques liés à cette transformation de la culture d’entreprise. 

 

Xavier Etienne, directeur général adjoint en charge de la technologie et de l’international © FDJ

Xavier Etienne, directeur général adjoint en charge de la technologie et de l’international © FDJ

Quelle est la place de la technologie dans les métiers de la Française des Jeux ?

Pour le grand public, la Française des Jeux c’est le loto et les tickets à gratter. Pourtant, bien que nous ne véhiculions pas cette image, la FDJ est avant tout une entreprise technologique. A chaque fois qu’une personne joue, une transaction est enregistrée dans nos systèmes informatiques. Nos treize milliards de chiffre d’affaires sont en fait le résultat de l’ensemble de ces transactions, qui ne valent chacune que quelques euros. Ce qui représente environ quatre milliards de transactions par an. Il est donc nécessaire de disposer de systèmes informatiques capables d’absorber un important flux transactionnel tout en supportant des exigences élevées en matière de fiabilité, de sécurité et d’intégrité. Lors des pics de charge, nous pouvons acquérir jusqu’à 130 000 euros de chiffre d’affaires en une minute. La technologie est donc au cœur des métiers de FDJ : le jeu c’est de l’informatique.

Comment lier les nouveaux usages numériques du grand public avec votre réseau de points de vente physique ?

Nous nous sommes fixés comme priorité d’accroitre notre présence sur tous les aspects digitaux. Notre offre est désormais accessible sur l’ensemble des canaux numériques et nous évoluons vers une approche mobile first. Mais nous souhaitons aller encore plus loin en développant une approche omni-canal, en particulier en intégrant plus d’usages digitaux dans les points de vente physiques pour apporter de nouveaux services à nos clients.

Comme la dématérialisation ?

La dématérialisation est un bon exemple. A travers notre application ParionsSport, nous offrons depuis fin 2014 la possibilité de préparer son pronostic sportif sur smartphone et de le valider auprès du détaillant. Ce service rencontre un vif succès puisqu’il représente aujourd’hui plus de 10% des ventes sur les paris sportifs réalisés dans les points de vente. Nous venons d’ailleurs de lancer l’équivalent de ce service pour le Loto et l’Euro Millions. Nous comptons par la suite aller au bout de cette démarche en proposant un parcours 100% dématérialisé à nos clients, c’est-à-dire sans reçu de jeu. Nous travaillons aussi sur de nouvelles formes de jeux et de nouveaux équipements à installer dans nos points de ventes.

Comment s’est organisée la transformation numérique de la FDJ ?

Ceci passe avant tout par des changements dans la culture d’entreprise et dans les modes de fonctionnement interne. Nous avons mis en place toute une dynamique d’entreprise pour mobiliser les équipes de manière à avoir la capacité d’anticiper les ruptures technologiques et de les intégrer à nos systèmes. D’un point de vue stratégique, nous souhaitons accélérer le recrutement des 18-35 ans, nous travaillons pour cela sur des produits plus immersifs, avec un caractère social et qui intègrent des notions de challenge et de progression, en bref des produits plus ludiques. Et cela nécessite beaucoup de créativité et de nouvelles manières d’imaginer les jeux de demain.

Dans quelle démarche s’inscrit votre politique d’innovation ?

Nous avons pris le parti de commencer par structurer une démarche d’innovation interne avant d’aller chercher à l’extérieur. Nous avons donc mis en place depuis un an et demi ce que nous appelons des cellules d’incubation. Nous avons regroupé, au sein de petites équipes, des compétences pluridisciplinaires à qui on confie un budget et un sujet de travail ; suffisamment large pour laisser place à la créativité. Ces équipes fonctionnent de manière très agile, nous les incitons d’ailleurs à expérimenter en dehors de l’entreprise pour qu’elles éprouvent les concepts sur le terrain. Cette démarche présente le double intérêt de proposer des produits innovants qui correspondent aux attentes des joueurs et nous constatons également qu’elle permet de réduire considérablement le time to market.

Etes-vous en lien avec l’écosystème des start-up ?

La mise en place des cellules d’incubations ayant donné des résultats probants, le nouvel enjeu consiste maintenant à connecter ce système interne de production d’innovation avec des écosystèmes extérieurs et notamment celui des start-up. C’est pourquoi nous avons investis treize millions d’euros l’an dernier dans le fonds d’innovation Partech et nous allons continuer cette démarche cette année en investissant dans deux autres fonds d’open-innovation : Level-up et Raise, ce dernier étant entièrement dédié à l’innovation dans le jeu.

Quels sont les projets stratégiques de la FDJ pour l’avenir ?

Nous sommes engagés dans une vaste refonte de notre système d’information pour le faire évoluer vers une architecture orientée service afin de mettre en place les capacités digitales et omni-canal absolument nécessaires à notre stratégie. Pour cela nous serons amenés à revoir nos systèmes cœur de métier, ceux qui génèrent le chiffre d’affaires d’aujourd’hui, c’est donc un chantier très important pour l’entreprise. La stratégie technologique de FDJ répond ainsi à un double objectif : l’accélération du déploiement de la digitalisation pour répondre aux enjeux de croissance de demain et la restructuration du système d’information, socle de l’activité de FDJ et clef de voûte de sa transformation.

Par ailleurs, un des volets sur lequel nous investirons concerne le traitement et l’exploitation de la donnée. Nous avons dans nos systèmes une très grande quantité de données qui sont encore sous exploitées par l’entreprise. Nous avons démarré un programme d’expérimentations, en particulier avec des outils big data sur des besoins relatifs à notre politique de sécurité ainsi qu’à la connaissance client. Enfin, nous allons développer les capacités de la FDJ à l’international en capitalisant sur les investissements consentis pour notre marché domestique pour proposer une offre de produits et services BtoB à destination des acteurs du monde du jeu payant en dehors de nos frontières.

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