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Xavier Horent (CNPA/MooveLab) : « La mobilité ne peut pas avancer en circuit fermé »

Le Conseil national des Professions de l’Automobile (CNPA) a présenté le jeudi 17 septembre dernier la nouvelle promotion de start-up qui rejoindra le Moove Lab, un accélérateur dédié à la mobilité. Alliancy a profité de l’occasion pour s’entretenir avec le délégué général de l’organisation, Xavier Horent, et ainsi échanger sur l’avenir de la mobilité.

Xavier Horent, délégué général du CNPA.

Alliancy. Vous venez d’annoncer la nouvelle promotion de start-up que vous allez accompagner au sein de votre accélérateur Moove Lab… Pouvez-vous nous en dire plus ?

Xavier Horent. Nous célébrons la rentrée de notre sixième promotion au Moove Lab. Effectivement nous avons cumulé 650 candidatures uniques depuis 3 ans. On est monté en gamme à chaque promotion avec de plus en plus de candidatures. Ce chiffre correspond a peu de chose près au marché tel qu’on l’avait estimé il y a 3 ans. Dans les services de la mobilité, Sans prendre en compte le « hardware », on estimait qu’il y aurait 600 à 800 start-up. Ces start-up (NDLR : du Moove Lab) correspondent exactement au centre de gravité du CNPA lui-même car nous parlons de services. En matière d’intérêt pour l’innovation dans la mobilité, on a observé une accélération très nette à partir des Assises de la mobilité. En volume, nous sommes à 70% de start-up en B2C mais il y a les deux (B2C / B2B) et même du B2B2C. L’avantage avec le Moove Lab, c’est qu’on a déjà affaire à des start-up qui ont une certaine maturité, avec un projet formalisé et une équipe solide.

Pour découvrir la 6ème promotion du Moove Lab, cliquez ici

Au moment du lancement de l’Alliance des mobilités l’année dernière, vous aviez évoqué plusieurs verticales pour guider votre action comme la micro-mobilité ou le covoiturage par exemple… Quelles priorités avez-vous aujourd’hui ?

Xavier Horent. La verticale micro mobilité s’est fortement développée. Ces start-up étaient un ensemble hétérogène et n’avaient pas de structure particulière. C’était une évolution logique pour le CNPA de créer cette plateforme de représentation après la création du Moove Lab. Et aussi de ne pas le faire en étant pas coupé des métiers de l’automobile. Il est indispensable que le CNPA prenne en compte ces évolutions majeures. Il s’agit d’une évolution naturelle pour le CNPA d’intégrer les start-up de la mobilité. C’est une réussite dont nous sommes très fiers.

Nous sommes convaincus que les solutions de mobilité sont complémentaires : les liens se tissent et se multiplient entre les métiers historiques de la filière et ces nouveaux acteurs. Tous ont compris l’intérêt de travailler main dans la main. Le monde de la mobilité ne peut pas avancer en circuit fermé. 

Quel a été l’impact de la crise sur l’écosystème de la mobilité ?

Xavier Horent. La crise Covid-19 a été un accélérateur pour la coopération transversale. Elle a permis d’apporter de la densité à ce réseau et ainsi renforcer sa résilience. Nous l’avons remarqué auprès de nos start-up qui ont émis des signaux faibles quant à l’évolution de la mobilité avant et après le confinement.

 Au début de la crise, je craignais tout de même un coup d’arrêt économique. Mais en réalité je constate, quatre mois après le confinement, une accélération pour certains services de mobilité, en particulier le vélo et les nouvelles mobilités. Aucune de nos start-up n’est tombée, ni dans la promotion actuelle, ou dans les précédentes promotions. C’est en partie dû à l’accompagnement du CNPA auprès des entreprises en matière fiscale, juridique , économique. Nous avons assuré un vrai back office protecteur qui a notamment délivré à nos start-up 4 à 5 informations clés par jour.

C’est d’ailleurs plutôt contradictoire avec l’état actuel du marché de l’automobile…

Xavier Horent. Comme je le disais, il y a eu une accélération pendant cette crise. Mais certains secteurs plus capitalistiques et orientés par exemple sur la gestion de stocks ont été largement rattrapés par les effets de la crise. Avant que le gouvernement ne décide de mettre en place un plan de relance du secteur automobile, nous avons eu des cas d’arrêt d’activité très massifs. Mais en parallèle, certaines verticales agiles, axées sur la gestion de projets et avec des temporalités différentes ont mieux survécu.

Grâce aux innovations poussées par les start-up, la mobilité va également être créatrice d’emplois et permettra de répondre aux mauvaises nouvelles comme celles de Bridgestone. La filière des services de l’automobile est un gisement d’emplois avec 50 000 recrutements par an, notamment chez les plus jeunes talents. Nos start-up contribuent à mieux représenter la filière auprès des jeunes, des femmes et des demandeurs d’emploi. Elles permettent de rajeunir notre image et montrer que le secteur est complètement ouvert et acteur de l’innovation.

Le rapport à la mobilité a évolué avec la crise : il y a plus de place pour la mobilité individuelle, plus de porosité entre les moyens de transport. Le vélo a connu un essor stupéfiant. Tout cela favorise les solutions que certaines de nos start-up avaient déjà pensé. Le sujet aujourd’hui c’est moins celui de la « mobilité individuelle » vs « transports  en commun » que celui de l’inter-modalité. La logique de coopération devrait accélérer pendant la crise et après la crise alors qu’on aurait pu assister à un repli sur soi.

Le Moove Lab est partenaire des pouvoirs publics (France Mobilités / French Tech) pour pouvoir analyser les nouvelles tendances de mobilité et faire en sorte que ce qui est pensé par les pouvoirs publics soit le plus efficace. C’est la particularité du programme et de cette Alliance : on cherche à s’ouvrir et éviter le repli sur soi, à travailler en horizontal.

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